La vie sur le site protégé de Bentiu se résume à une lutte quotidienne contre l’eau. Devant une maison inondée, une famille tente de construire une digue, seule barrière contre le lac boueux qui les entoure. Miteressa, la mère, ne trouve même pas un moindre coin sec pour allumer un feu. Dans la maison, le sol humide s’est mué en boue. La famille dort à tour de rôle sur deux lits
“Parfois, nous ne trouvons rien à manger. L’endroit est inondé, et les enfants pleurent car ils sont obligés de rester debout, sans un endroit pour s’asseoir », explique leur mère.
Erigée sur un site marécageux, la base de l’ONU n’était pas censée accueillir tant de gens. Mais aujourd’hui, 47 000 déplacés s’y entassent. Ce sont essentiellement des Nuer, qui ont fui les affrontements entre des rebelles en majorité Nuer et des forces gouvernementales composées de Dinka, ces dernières contrôlant Bentiu.
Beaucoup ont peur de repartir. Au moins, il y a des marchés sur place dans le camp … et un sens de communauté. Cependant, vivre en permanence dans de l’eau jusqu’aux genoux rend la vie insupportable.
“Il y a beaucoup de maladies, comme celles de la peau. Vous avez l’impression que tout votre corps vous démange, si bien que vous dormez mal. Il y a aussi la diarrhée parce que les latrines sont inondées et les eaux souillées ont envahi les maisons où nous vivons », explique Robert Ter, un habitant du camp.
Les inondations ont détruit non seulement les maisons, mais aussi les écoles et l’accès aux centres de santé. Les agences humanitaires qui assuraient ces services dans le camp se concentrent maintenant sur une nouvelle priorité : le drainage. L’opération consiste à pomper l’eau du camp vers le marécage à l’extérieur, tandis que les engins de terrassement construisent des digues pour empêcher l’eau de revenir dans le camp.
Le chef du bureau de l’UNICEF pour l’Etat d’Unity, Ainga Razafy, dit que cela prendra des semaines avant que le site de protection ne s’assèche. Créer les conditions de vie sur place est la seule solution à long terme, dit-il.
“Le plus grand besoin actuellement, si je puis dire, c’est la paix pour que nous déplacions les gens hors de ce site de protection. Ils ne sont pas supposés vivre ici, mais les conditions de vie hors du camp ne sont pas réunies », explique le responsable de l’UNICEF, ajoutant qu’il vaut mieux que les déplacés restent sur place.
La saison des pluies devrait prendre fin bientôt, et les responsables militaires s’attendent à une escalade dans les combats ; ce qui accentuerait encore la pression sur ces déplacés qui ont déjà beaucoup souffert et sont au bout du rouleau.