Suspension des manifestations de catholiques en réponse au retrait de Kabila

Joseph Kabila Kabange et Emmanuel Ramazani Shadary

Les trois jours de "grandes actions" prévus pour "obtenir la démission" du chef de l'État de la République démocratique du Congo sont suspendus en réponse au geste de bonne foi du chef de l’Etat, annonce le collectif des laïcs catholiques.

"Nous avons pris acte de la décision du chef de l’Etat de respecter cette volonté exprimée dans la Constitution et dans l’Accord (signé le 31 décembre 2016). En signe de bonne foi pour ce geste, le Comité laïc de coordination (CLC) accepte aussi de donner un signal fort, de suspendre provisoirement son programme d’actions du 12, 13 et 14 août", a déclaré dans une interview à VOA Afrique, Jonas Tshiombela du CLC.

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Jonas Tshiombela joint par Eddy Isango

La réaction du CLC vise, selon M. Tshiombela, à "encourager davantage le président Kabila et la Céni (Commission électorale nationale indépendante) à prendre des dispositions urgentes et nécessaires pour garantir au peuple congolais le droit aux élections libres, inclusives et transparentes".

La structure catholique avait lancé un appel à la mobilisation générale de toutes les forces vives de la nation pour ses premières grandes actions du 12, 13 et 14 août 2018 au cas où le président Kabila faisait acte de candidature.

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Ce que n’a pas fait le président sortant congolais, au pouvoir depuis 2001.

M. Kabila a désigné sur le fil, mercredi, un dauphin en la personne d’Emmanuel Ramazani Shadary.

Ce dernier a déposé sa candidature pour la présidentielle du 23 décembre au nom du Front commun pour le Congo, plateforme électorale regroupant les membres du gouvernement et des institutions réunis autour du président sortant congolais.

Le collectif catholique considère l’étape actuelle comme une bataille gagnée et non une victoire finale. Il appelle les Congolais "à rester vigilants et mobilisés".

Les laïcs catholiques interpellent la Céni pour chercher un consensus autour de la machine à voter controversée et à clarifier la situation de 16 millions d’électeurs sans empreintes digitales.

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Un peu plus tôt, le représentant spécial des Nations unies en RDC ainsi que les ambassadeurs et chefs de mission diplomatiques des Etats-Unis, du Canada, de la Suisse, de l’Union africaine et de l’Union européenne ont salué la décision du président Kabila de ne pas s'aligner pour la prochaine présidentielle.

"Nous réitérons notre appel à toutes les parties à veiller à ce que le processus électoral et le transfert du pouvoir soient menés de manière transparente, pacifique et inclusive, conformément à la Constitution et à l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016", indique un communiqué conjoint des représentants diplomatiques.

La répression des manifestations anti-Kabila à l'appel du collectif des catholiques fin 2017 et début 2018 avait fait au moins 15 morts dans le pays.