"Je ne peux pas vous dire cet après-midi que nous sommes au seuil d'un accord complet. Non. Il reste beaucoup de travail à faire", a admis M. Kerry dans un long discours sur la stratégie des Etats-Unis pour la Syrie, devant un centre de recherches et d'études à Washington.
"Les murs de la méfiance en Syrie, dans la région et au sein de la communauté internationale sont épais et élevés", a déploré le chef de la diplomatie américaine, avant de partir pour Tunis, puis Vienne où il doit participer samedi au deuxième cycle d'une réunion multilatérale sur le conflit syrien, une guerre qui a fait au moins 250.000 morts et des millions de réfugiés depuis 2011.
"Ces murs ne seront jamais percés si nous ne menons pas un effort concerté et créatif pour les surmonter", a encore martelé le ministre américain qui s'efforce depuis le début de son mandat en 2013 de trouver une porte de sortie politique au conflit syrien.
Il a donné la liste des gouvernements et organisations qui formeront, samedi dans la capitale autrichienne, "un groupe extraordinaire": les Nations unies, l'Union européenne, la Ligue arabe, l'Allemagne, l'Arabie saoudite, la Chine, l'Egypte, les Emirats arabes unis, la France, l'Iran, Irak, l'Italie, la Jordanie, le Liban, Oman, le Qatar, la Russie, le Royaume-Uni, et la Turquie.
A Vienne, après une première réunion multilatérale le 30 octobre qui avait donné lieu à un communiqué commun consensuel, les grandes puissances et les pays de la région doivent tenter de dessiner les contours d'une transition politique en Syrie.
Mais ni le régime de Damas, ni l'opposition syrienne ne prennent part à ces discussions.
En outre, tous les pays représentés -- d'un côté les Etats-Unis et leurs alliés arabes et européens, de l'autre la Russie et l'Iran -- sont en profond désaccord sur le sort à réserver au président syrien Bachar al-Assad.
"Même si nous sommes divisés sur cette question cruciale, les Etats-Unis, la Russie et d'autres pays impliqués ont décidé que ce désaccord ne devait pas nous empêcher d'essayer de construire sur les fondations que nous avons établies", a plaidé John Kerry.
Mais, a-t-il concédé, "je reconnais que nous continuons de travailler avec la Russie et l'Iran sur la question d'Assad et de son rôle".
Car "demander à l'opposition de faire confiance à Assad ou d'accepter d'être dirigé par Assad, ce n'est tout simplement pas raisonnable. C'est littéralement intenable", a argumenté le ministre américain, dont le gouvernement réclame le départ du chef de l'Etat syrien dans le cadre d'un éventuel processus de transition mais selon un calendrier qui serait négociable.