La peine de six mois de prison avec sursis prononcée lundi en appel pour diffamation et injures contre le ministre du Tourisme pourrait entraîner la radiation des listes électorales d'un candidat sérieux à la présidence, que son discours contre les élites rend populaire parmi les jeunes. Son élimination, sujet politique dominant depuis qu'il fait l'objet de procédures judiciaires – manipulées, selon lui –, modifierait considérablement la compétition. Elle fait aussi craindre des violences de la part de ses partisans.
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Absent à son procès lundi, M. Sonko, 48 ans, arrivé troisième à la présidentielle de 2019, est resté muet. Ses avocats se sont gardés de répondre aux multiples sollicitations. La perte automatique des droits électoraux de M. Sonko donnait encore à débat mardi. Mais sa condamnation a été largement perçue comme scellant son sort.
A défaut de M. Sonko, ce sont les chefs de la coalition, qu'il a contribué à mettre sur pied en 2021 en vue des élections à venir et dont il est la figure prééminente, qui ont pris la parole dans la capitale. L'ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et d'autres chefs de Yewwi ont appelé les Sénégalais à se mobiliser à l'occasion d'une marche déjà programmée vendredi, et une nouvelle annoncée le 19 mai, à la fois pour soutenir M. Sonko et faire barrage à un troisième mandat de l'actuel président Macky Sall.
"Il ne faut pas qu'il y ait une troisième victime de Macky Sall, on en a connu deux. Il faut que le peuple se mobilise pour soutenir Ousmane Sonko dans ce combat-là", a déclaré Khalifa Sall devant les journalistes. Il faisait référence à son propre sort et à celui de Karim Wade. Khalifa Sall et Karim Wade ont été empêchés de concourir à la présidentielle de 2019 contre Macky Sall en raison de condamnations antérieures, respectivement pour "escroquerie sur les deniers publics" et "enrichissement illicite".
Ousmane Sonko, lui, a maille à partir avec la justice depuis 2021. Il crie au complot ourdi par le chef de l'Etat pour l'écarter de la présidentielle et réaliser le dessein qui lui est prêté d'un troisième mandat. Il assure qu'il ne se laissera pas faire.
Résonance incertaine
Ses adversaires l'accusent d'instrumentaliser la rue pour échapper à la justice. Ils tirent argument des incidents qu'occasionnent ses convocations pour le présenter comme une menace pour l'équilibre du pays, rare îlot de stabilité dans une région troublée.
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Le sort judiciaire de M. Sonko crispe la vie politique depuis deux ans, avec le flou entretenu par le président sur sa candidature à un troisième mandat controversé. Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice sont communément l'occasion de confrontations entre ses sympathisants et les gendarmes et les policiers. En 2021, son interpellation sur le chemin du tribunal pour une affaire de viols présumés avait contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts.
Le procès de M. Sonko dans cette affaire de viols est prévu le 16 mai. Il a annoncé dimanche qu'il ne répondrait plus aux convocations des juges. Déthié Fall, une autre figure de Yewwi Askan Wi, a appelé à marcher le 19 mai contre une "campagne de liquidation d'Ousmane Sonko". Ne pas agir, "ce serait laisser la démocratie transformée en monarchie et en dictature par le président Macky Sall qui n'a qu'une seule idée en tête, le troisième mandat", a-t-il dit.
La nouvelle de la condamnation de M. Sonko a causé des troubles sporadiques lundi à Dakar et en province. Cependant, les appels à manifester de l'opposition ont eu un écho limité ces derniers mois.
Les autorités ont interdit de noombreux rassemblements et déployé des dispositifs policiers significatifs. Après des victoires communes en 2022 aux élections locales et parlementaires, des signes de discorde sont apparus ces derniers jours au sein de Yewwi. Le président Sall a enfoncé un coin dans ce front en formulant une offre de dialogue.
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