Sénégal: l'opposition maintient la pression avant le procès d'Ousmane Sonko

Le chef de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko au siège de son parti à Dakar le 8 mars 2021 après avoir été libéré de détention.

L'opposition sénégalaise a maintenu la pression contre le pouvoir vendredi en appelant à de nouvelles journées de mobilisation à l'approche du procès à haut risque d'un de leur leaders dans six jours.

La coalition Yewwi Askan wi (YAW, Libérons le peuple en langue ouolof) a appelé à des manifestations mercredi à Dakar, le 30 mars et le 3 avril sur tout le territoire, pour réclamer "la libération dans les plus brefs délais de tous les détenus politiques" et soutenir l'opposant Ousmane Sonko dont le procès doit se poursuivre le 30 mars.

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Depuis le 16 mars, jour du début du procès de M. Sonko, poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pour "diffamation, injures et faux", des incidents ont éclaté dans plusieurs villes, faisant au moins un mort en Casamance. De nombreux militants du parti de M. Sonko ont également été arrêtés et certains écroués.

L'enjeu du procès dépasse largement la réputation du ministre. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. M. Sonko risque donc d'être déclaré inéligible pour la présidentielle de 2024.

M. Sonko et ses supporteurs dénoncent une instrumentalisation de la justice par le pouvoir pour l'éliminer politiquement. Ses détracteurs l'accusent d'utiliser la rue pour échapper à la justice. Le président Sall, qui entretient le doute sur son intention de briguer ou non un troisième mandat, a demandé mercredi au gouvernement des mesures pour "préserver l'ordre public" et "assurer la sécurisation absolue des biens et des personnes".

Macky Sall "cherche tous les jours à éliminer des candidats" aux élections, a estimé l'opposant Déthié Fall vendredi lors d'une conférence de presse à Dakar. "Quels que soient ses intentions et ses moyens de répression, nous lui ferons face", a-t-il ajouté. Par ailleurs, plus de 100 intellectuels dont des écrivains, des chercheurs et des journalistes sénégalais et étrangers ont publié cette semaine un texte dans lequel ils appellent le président Sall à "revenir à la raison".

Le Sénégal vit "une continuelle escalade répressive qui préfigure de lendemains incertains", écrivent-ils. Ils demandent au président Sall de "prendre des mesures immédiates pour assurer la paix sociale et s'éloigner de toutes les remises en cause de l'indépendance du pouvoi judiciaire".

En mars 2021, la mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés et son arrestation avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années au Sénégal, qui avaient fait au moins une douzaine de morts. Le procès n'a pas encore eu lieu.