M. Sonko, dont le rapport de force avec le pouvoir et la justice tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans, a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès qu'il dénonçait comme un complot pour l'écarter de la présidentielle, il a été condamné par contumace.
Your browser doesn’t support HTML5
Il a depuis été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État. Les autorités mettent en cause sa responsabilité dans une série d'épisodes de contestation auxquels son bras de fer avec le pouvoir et ses démêlés avec la justice ont donné lieu depuis 2021 – le plus grave en juin – et qui ont fait plusieurs morts.
Les avocats de M. Sonko soutiennent que, leur client ayant été arrêté depuis sa condamnation, il doit être rejugé. Ils invoquent les textes en vigueur sur la contumace.
Dans un entretien publié mercredi en ligne par le magazine Jeune Afrique le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall répond que M. Sonko a été arrêté "dans le cadre d'une autre affaire" que l'affaire de mœurs et que la règle selon laquelle un contumax doit être rejugé une fois arrêté ne s'applique donc pas.
"Pourquoi ne s'est-il pas constitué prisonnier s'il entendait obtenir que sa condamnation par contumace soit anéantie ? Celle-ci est entretemps devenue définitive", dit-il. C'est à ce titre que M. Sonko a été déchu de ses droits électoraux et qu'il a été radié des listes, a-t-il ajouté. "Il n'y a là aucune cabale en vue d'évincer un candidat à la présidentielle".
M. Sonko a entamé une grève de la faim le 30 juillet. Il est hospitalisé depuis le 6 août. Les autorités ont annoncé la dissolution de son parti et procédé à des centaines d'arrestations, suscitant de vives critiques de défenseurs des droits humains. Le gouvernement invoque la nécessité de protéger la population contre ce qu'il présente comme un projet insurrectionnel.
Le ministre chiffre à "environ 500" le nombre de personnes détenues en lien avec les troubles survenus en 2023. "Ceux qui se trouvent derrière les barreaux ont détérioré des magasins ou des banques, attaqué des brigades de gendarmerie ou encore incendié des mairies". "Il n'y a pas de prisonniers politiques au Sénégal", a-t-il affirmé.