L'opposition sénégalaise a demandé mercredi soir à Dakar la suspension de la publication des résultats des élections législatives, prévue jeudi après-midi, pour examiner ses plaintes à la suite d'"irrégularités" et de "fraudes.
Les camps du pouvoir et de l'opposition revendiquent chacun la victoire aux législatives de dimanche qui visent à renouveler les 165 sièges à l'Assemblée nationale, largement contrôlée par la coalition présidentielle.
"On demande au président de la Commission nationale de recensement des votes (CNRV) de suspendre la publication des résultats prévue demain (jeudi) pour nous permettre de relever toutes les irrégularités que nous avons notées dans les procès-verbaux", a déclaré lors d'une conférence de presse Déthié Fall.
M. Fall est un responsable de l'alliance formée par les coalitions Yewwi Askan Wi (libérer le peuple en wolof) et Wallu Sénégal (Sauver le Sénégal), dirigées respectivement par le principal opposant Ousmane Sonko et l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).
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Une autre responsable de l'alliance, Mme Aïda Mbodj, a parlé de "bourrage d'urnes" et de "procès-verbaux préfabriqués et sans signature qu'ils (le pouvoir) ont créés eux-mêmes" dans des localités du nord du Sénégal dont Matam, Podor, Ranérou et Kanel, des fiefs du président Sall.
L'enjeu porte sur "200.000 voix", selon elle. "Le peuple sénégalais s'opposera à cette fraude massive", a-t-elle dit, lors de la conférence de presse.
"Nous n'allons pas accepter une confiscation de la victoire. C'est une entreprise de fraudes massives orchestrées par des hommes politiques avec certaineent la complicité de l'administration" territoriale, a dit M. Sonko.
Quelque 7 millions de Sénégalais étaient appelés à voter dimanche. La participation s'est établie à 47% selon le ministère de l'Intérieur.
Les résultats des camps du pouvoir et de l'opposition sont très serrés, selon des chiffres publiés par la presse locale.
La CNRV, présidée par le président de la Cour d'appel de Dakar, doit proclamer jeudi après-midi les résultats des législatives qui font figure de test à 19 mois de la présidentielle.
L'opposition affirme vouloir contrôler le Parlement pour imposer une cohabitation au camp du pouvoir, inédite dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Elle veut aussi pousser le président Macky Sall à renoncer au projet qui lui est prêté de se présenter à la présidentielle de 2024.
Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions.
Il a promis de nommer un Premier ministre - poste qu'il avait supprimé en 2019 avant de le rétablir en décembre 2021 - au sein de la formation victorieuse des élections.