Maintenant que les célébrations de la Tabaski sont passées, de nombreux chefs de famille se sont réveillés ce week-end avec un nouveau casse-tête : comment rembourser la dette contractée pour ce jour unique.
En effet année après année, la manière de fêter la Tabaski s'éloigne de plus en plus des recommandations religieuses. Le côté faste de la célébration est mis en avant, créant ainsi des tensions financières chez les moins nantis. Ces derniers se sentent souvent obligés d'assurer des dépenses faramineuses que ni la logique, ni la religion ne cautionnent.
Les chefs de famille vivent un véritable calvaire à l'occasion de cette fête de l'Eid particulièrement difficile à gérer. Cette année, la situation a été aggravée par des moutons hors de prix, des obligations familiales intenables et une conjoncture accentuée par le coronavirus.
"On est obligé d'acheter un mouton, de satisfaire les besoins de la famille et la pandémie ne nous arrange pas parce que les prix ont doublé", affirme Pape Ndiaye, un habitant de Dakar.
Pour lui, l'évolution de la société l'oblige à ne pas "laisser son enfant en marge" parce que "voir tous les enfants s'habiller et voir son enfant ne pas avoir les mêmes satisfactions que les autres enfants" créé une distanciation sociale qui n'est pas très bonne. Donc pour Pape, il faudra "tout faire pour satisfaire les besoins des enfants".
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Et pour satisfaire les vœux des enfants, les mamans également se démènent comme elles peuvent.
C'est le cas de Fatou Seck, qui estime que la pire pression sociale pour un parent est la sensation de ne pas pouvoir combler son enfant durant ce genre de fête.
"Quand tu es mère de famille, ton vœu le plus cher est de voir ton enfant bien habillé comme les autres, de voir son père amener un beau bélier à la maison car au cas échéant les petits sont frustrés", explique-t-elle.
C'est pourquoi les mères de famille n'attendent plus que les pères fassent tout.
Fatou affirme qu'elles essaient aussi de "se débrouiller pour que tous les besoins de la famille soient satisfaits même si les temps sont durs, très durs".
Des prêts pour faire la fête
Pourtant cette pression pouvait être évitée si les gens se limitaient aux recommandations religieuses.
C'est l'analyse de l'imam Ibrahima Aïdara, qui affirme que la démesure de la société sénégalaise est à la base de la pression sociale qui entoure l'Eid. "Il n'est pas recommandé d'aller faire des prêts ou d'endosser des dépenses intenables qui pourraient avoir des conséquences fâcheuses après la fête", tranche-t-il.
L'imam confie que des musulmans célèbrent même des fêtes qui n'ont aucun rapport avec la culture ou les religions pratiquées au pays. Pour conclure, il rappelle que la tabaski est une fête qui doit être "empreinte de sobriété" et appelle les Sénégalais à "éviter les dépenses grossières, les moutons hors de prix" et se limiter strictement aux principes édictés par l'islam "qui bannissent tout cela".
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