"Nous exigeons et allons lutter pour la création d'une commission électorale indépendante", a indiqué Hashim Rungwe, un porte-parole de cette coalition de huit partis, dont le Chadema, principale formation de l'opposition, lors d'une conférence de presse à Dar es Salaam.
"Le chef de la Commission nationale électorale et les autres commissaires sont nommés par le président de la République, qui est en ce moment, John Magufuli, également président du CCM", le Chama cha Mapinduzi, parti au pouvoir, a-t-il souligné.
Lire aussi : Bailleurs et donateurs perdent patience face au président Magufuli"Tous ces commissaires sont des cadres du CCM et, même au niveau municipal, les élections sont supervisées par des responsables administratifs nommés par le même président de la République" qui ont pour mandat de "proclamer la victoire des candidats du CCM", a accusé M. Rungwe.
La Tanzanie se trouve "théoriquement dans un système multipartite mais, dans la réalité, on n'est pas sorti du parti unique car le CCM est à la fois joueur et arbitre", a-t-il encore fait valoir.
Selon la Constitution tanzanienne, le président et le vice-président de la Commission électorale, choisis par le chef de l'Etat, doivent être des juges de la Haute Cour ou de la Cour d'appel, la plus haute instance judiciaire du pays.
Mais la magistrature elle-même est accusée de manque d'indépendance par l'opposition et des associations de la société civile.
Celles-ci prônent un mode différent de désignation des membres de la commission, seule façon, selon elles, de mettre fin aux violences parfois meurtrières ayant entaché certains scrutins, comme les élections partielles d'août 2018.
En réponse aux critiques émises par la société civile tanzanienne et l'ambassade américaine après ces élections partielles, la Commission électorale avait déclaré que "la Tanzanie (avait) conduit ces élections conformément à sa Constitution et à son code électoral".
Un projet de loi prévoyant une commission électorale indépendante avait été abandonné par le président Magufuli dès son entrée en fonction fin 2015.
Ce dernier a été salué pour sa lutte contre la corruption. Mais il est qualifié d'autocrate par ses détracteurs, qui dénoncent des violations de la liberté de la presse et d'expression, et la répression des opposants.