Tchad : l’opération "Sifflet citoyen" diversement suivie à N'Djamena

Le président Idriss Déby Itno

Les quartiers sud de Ndjamena, traditionnellement acquis à l'opposition, ont suivi jeudi le mot d'ordre de la société civile en sifflant, tandis que les quartiers nord, plus résidentiels, et où vivent les dignitaires du régime, sont restés plus silencieux. Les grandes villes du pays ont très peu suivi le mot d'ordre, selon plusieurs personnes contactées dans différentes villes.

Une dizaine d'associations de la société civile tchadienne réunies sous la bannière "Trop c'est trop" avait appelé la population à se servir d'un sifflet pour demander la fin de la mauvaise gouvernance et l'alternance politique dans un pays dirigé depuis 26 ans par Idriss Deby Itno, candidat à un cinquième mandat à la présidentielle du 10 avril.

Elles avaient baptisé l'opération "Sifflet citoyen".

"Cette action citoyenne consiste à siffler pendant 15 minutes à partir de 5h30 du matin et 15 minutes le soir à partir de 21h30", précisait un communiqué de la société civile diffusé mercredi.

La porte-parole des associations, Céline Narmadji, a assuré à l'AFP que l'"opération a été un succès".

"Par cet acte, a-t-elle poursuivi, nous avons sifflé la fin de nos souffrances au lieu que ce soit la Céni ou le Conseil constitutionnel qui le fasse pour nous". L'opposition considère que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est aux ordres du pouvoir. Quant au Conseil constitutionnel, il officialise les résultats des élections.

Dans la capitale, peuplée d'un million d'habitants, le mouvement a été diversement suivi, selon les témoignages recueillis par l'AFP. Les quartiers sud de Ndjamena, traditionnellement acquis à l'opposition, ont suivi le mot d'ordre en sifflant tandis que les quartiers nord, plus résidentiels, et où vivent les dignitaires du régime, sont restés plus silencieux.

Les grandes villes du pays ont très peu suivi le mot d'ordre, selon plusieurs personnes contactées par l'AFP dans différentes villes.

Ajouté à l'originalité du moyen de protestation, il semble que le créneau horaire choisi très tôt le matin pour siffler, juste après la prière de 05H00 n'a pas mobilisé la majorité des Tchadiens.

La journée "villes mortes" du 24 février contre Idriss Deby avait en revanche connu un succès sans précédent. La population avait largement suivi, à N'Djamena comme en province, le mot d'ordre lancé par la société civile.

Ce mouvement s'était ajouté à celui des lycéens protestant depuis le 15 février contre le viol de la jeune Zouhoura par des fils de dignitaires, dont la photo où elle apparaissait nue et en larmes avait été publiée sur Facebook par les violeurs.

Depuis, les réseaux sociaux, notamment Facebook, ont été coupés et les manifestations de rue interdites.

Le Tchad, pourtant producteur de pétrole depuis 2003, est classé parmi les 10 pays les plus défavorisés au monde, selon le classement de l'Indice de développement humain (IDH) de l'ONU.

Avec AFP