Tchad: l'opposition appelle Déby à renoncer à la présidence et accuse la France

A N'Djamena, les plateformes de l'opposition appellent à "la résistance populaire" et au rejet de la Constitution de la cinquième République en place depuis le référendum de décembre 2023 au Tchad. (VOA Afrique/André Kodmadjingar)

L'opposition non armée au Tchad a appelé mercredi le général et président de transition Mahamat Idriss Déby Itno, qui a pris le pouvoir à la mort de son père en 2021, à renoncer à se présenter à la prochaine présidentielle, prévue fin 2024.

La principale plateforme de l'opposition et de la société civile Wakit Tamma, a accusé la "communauté internationale", la France en tête, de soutenir une "succession dynastique" à la tête de ce pays sahélien et de conforter Mahamat Déby dans sa "volonté de confisquer le pouvoir y compris par la force".

A 37 ans, Mahamat Déby avait été proclamé par l'armée le 20 avril 2021 président de transition à la tête d'une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno tué par des rebelles en se rendant au front. Celui-ci dirigeait le pays d'une main de fer depuis plus de 30 ans après avoir pris le pouvoir suite à un coup d'Etat.

La prise du pouvoir par le jeune général avait été mollement condamnée par la communauté internationale qui, France, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) notamment, lui réclamaient de rendre le pouvoir aux civils au terme d'une transition de 18 mois, comme il s'y était publiquement engagé dès le décès de son père. Dix-huit mois plus tard, la junte prolongeait la transition de deux ans sur recommandation d'un Dialogue national boycotté par l'opposition politique et les plus puissants des nombreux mouvements rebelles armés.

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Fin décembre, une nouvelle Constitution a été adoptée au terme d'un référendum marqué par 86% pour le oui, mais boycotté par l'opposition. La nouvelle loi fondamentale autorise notamment Mahamat Déby à se présenter à la prochaine présidentielle prévue d'ici à la fin de l'année. Et le parti dominant fondé par son père, le Mouvement Patriotique du salut (MPS) l'a désigné samedi comme son candidat.

Le général Déby "doit, par devoir patriotique", récuser l'investiture du MPS et "renoncer" à se présenter, écrit Wakit Tamma dans un communiqué transmis mercredi à l'AFP. Wakit Tamma fustigé la "volonté" de Mahamat Déby de "succéder à son père". "Avec la bénédiction de la communauté internationale" dont elle a pointé les "intérêts égoïstes", en citant l'UE et l'UA.

En particulier la plateforme accuse la France, l'ancienne puissance coloniale, d'"ingérence" "dans le cadre d'un projet plus vaste de lutte géopolitique française dans le Sahel africain". Par ailleurs, le GCAP, deuxième plateforme de l'opposition, dans un entretien de son président Max Kemkoye avec l'AFP, a appelé à "la résistance populaire" et au rejet de la Constitution de la cinquième République en place depuis le référendum.