Le dialogue de réconciliation nationale à N'Djamena prolongé de 10 jours

Signature d'un accord entre la junte militaire du Tchad et des groupes armés pour les pourparlers de paix nationaux, en l'absence du FACT, principal groupe rebelle, le 8 août 2022 à Doha au Qatar. (Photo MUSTAFA ABUMUNES / AFP)

Le dialogue de réconciliation nationale lancé il y a deux semaines par la junte militaire au Tchad et censé s'achever le 20 septembre a été prolongé d'au moins 10 jours en raison de nombreuses interruptions, selon l'agenda adopté mardi.

Le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, autoproclamé chef de l'Etat à la tête d'un Conseil militaire de 15 généraux en avril 2021 à la mort de son père, le président Idriss Déby Itno, avait aussitôt promis un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) devant déboucher sur des élections "libres et démocratiques" au terme d'une "transition" de 18 mois renouvelable une fois.

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Le dialogue national rencontre des difficultés au Tchad

Plusieurs fois reporté, ce dernier s'est ouvert le 20 août à N'Djamena en dépit du boycott de la majorité de l'opposition et de deux des plus puissants mouvements rebelles armés. Emaillé de nombreuses interruptions, il n'a toujours pas entamé ses travaux sur le fond. Un nouvel agenda soumis par le Présidium, l'instance chargée de diriger les travaux du DNIS entre les oppositions civile et armée et la junte, a été adopté par l'Assemblée plénière de quelque 1.400 délégués censés représenter toute la société tchadienne.

"Compte tenu du nombre de thématiques et des débats en plénière qui peuvent aller au-delà des prévisions, on ne peut pas tenir la date du 20 septembre", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Présidium Limane Mahamat. "On a déroulé un agenda avec les différentes étapes en tenant compte des suggestions de la salle, ce qui nous donne, à titre indicatif, une clôture à la date du 30 septembre", a précisé M. Mahamat.

Des coups de canif aux promesses

Au terme de cet agenda définitif, les travaux en commissions qui auront notamment pour thèmes les questions sociales, la paix et la réconciliation nationale, ou encore les libertés fondamentales, devraient commencer d'ici à jeudi. Outre la grande majorité de l'opposition politique, nombre d'organisations de la société civile et d'ordres professionnels boycottent le dialogue ou s'en sont retirés peu après son ouverture.

Propulsé au pouvoir après la mort de son père tué en se rendant au front contre des rebelles le 20 avril 2021, le général Mahamat Déby avait dissous le Parlement, limogé le gouvernement, abrogé la Constitution, promettant aussitôt de rendre le pouvoir aux civils dans des élections "libres et démocratiques" après un dialogue de réconciliation nationale incluant "toute" l'opposition et "tous" les groupes armés. Et auxquelles il s'était engagé à ne pas se présenter.

Mais il a porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses en envisageant une prolongation de 18 mois de la transition et en remettant son "destin" à "Dieu" pour une éventuelle candidature à la présidentielle. Depuis son indépendance de la France en 1960, l'histoire du Tchad est pavée de coups d'Etat et d'offensives rebelles.