Selon Djékourninga Kaoutar Lazare, coordonnateur Général de la radio FM Liberté, radio partenaire de la VOA Afrique, sa station fonctionne avec générateur 24 heures sur 24 avec deux fûts de gasoil pour 3 jours par manque d’électricité. Les deux fûts de gasoil de 200 litres coûtent 351 600 Fcfa l’unité. Pour lui, si la situation ne s’améliore pas, il risque de mettre la clé sous le paillasson. Car, pour une radio communautaire qui n’a pas d’autre ressource que les maigres revenus des communiqués et de spots publicitaires qui sont rares, le risque de fermeture est élevé.
« Parce qu’on ne peut pas tenir le coup, deux fûts de gasoil tous les trois jours; c’est quand même trop pénible pour une petite radio comme la radio FM Liberté et surtout que les générateurs ont un âge de 12 ans. Voilà la difficulté et que nos auditrices, auditeurs et partenaires ne s’étonnent pas », explique Djékourninga Kaoutar Lazare.
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« L’augmentation du prix du carburant à la pompe s’ajoute aux nombreuses autres difficultés notamment le problème de trésorerie que rencontrent les entreprises de presse audiovisuelle», indique Judas Allahodoum, président du Patronat de la Presse Tchadienne. Une situation qui, dit-il : « oblige certains médias à revoir leurs programmes». Pour lui, cette situation crève un peu les maigres économies des médias en ce moment. En 2015, quand une telle situation est intervenue, le feu Maréchal avait ordonné à son gouvernement de doter tous les médias avec au moins un fût de carburant pour leur permettre de résister un tant soit peu. Les responsables à plusieurs niveaux de l’Etat considèrent les médias comme de l’opposition alors que ces derniers sont le baromètre de la démocratie tant chantée. Lorsque nos énergies seront épuisées, nous arrêteront d’émettre et de paraître ».
Cette situation a amené le patron des Radios Privés du Tchad à demander au gouvernement un appui financier spécial pour permettre aux médias privés de couvrir l’élection présidentielle du 06 mai prochain. Mais, pour l’instant, pas de réponse des autorités de transition.
Les organes de presse écrite subissent également les conséquences liées aux coupures d'énergie électrique. Pour, Djéndoroum Mbainiga, coordonnateur du journal N’Djamena Hebdoles, les journaux commencent à tirer le diable par la queue et peinent à exister avec un environnement qui n’est pas favorable. « Les journaux en général et N’Djamena hebdo en particulier sont mourants parce que le prix du carburant pour démarrer le générateur est asphyxiant et nous ne savons jusqu’à quand nous allons tenir», s'offusque-t-il au micro de VOA.
Et c’est dans cette situation peu reluisante pour la presse tchadienne que l’autorité de régulation vient de suspendre 31 médias pour arrêt de parution et non-respect du dépôt légal. Le Ministre de l’énergie Mme Ndougona Mbakasse Riradjim justifie le manque d’électricité dans la ville par un acte de sabotage constaté à la centrale électrique située dans un quartier périphérique de N’Djamena. Selon elle, des individus mal intentionnés ont coupé les câbles qui devraient alimenter 14 mégawatt plongeant ainsi la ville dans le noir depuis plusieurs jours. «Une information judiciaire est ouverte pour retrouver les coupables», a-t-elle déclar.