Le procès des leaders de la société civile renvoyé au Tchad

Idriss Deby, président du Tchad

Le juge en charge du dossier de quatre leaders de la société civile emprisonnés pour des manifestations contre un cinquième mandat du président Idriss Deby, a suspendu l’audience du pour troubles, renvoyant l’affaire au 7 avril prochain.

L’audience du jeudi a tourné court juste après l’identification des accusés et la notification de l’infraction retenue contre ceux-ci par le juge en charge du dossier Hamid Moustapha.

La tension est montée dans la salle d’audience quand, répondant à la question du juge qui voulait savoir pourquoi les accusés étaient hostiles au cinquième mandat de Deby à la présidentielle de 2016, Nadjo Kaina, l’un des quatre leaders de la société civile incarcérés, a déclaré qu’en 25 ans de règne "le président Deby a mis le Tchad dans une situation peu enviable".

"La jeunesse n’a pas d’avenir meilleur avec le gel de l’intégration à la fonction publique", a affirmé M. Kaina.

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Reportage d'André Kodmadjingar

Le juge a ordonné que le public évacue la salle après des applaudissements soutenus qui ont suivi cette réponse.

Il a ensuite annoncé le report de l’audience au 7 avril prochain sans donner des motifs et renvoyé les prévenus à la maison d’arrêt. Le public les a accompagnés jusqu'au fourgon, en chantant l’hymne national.

"La police des audiences que le président détient lui donne le pouvoir d’interpeller tout fauteur de troubles dans une salle d’audience, de le juger séance tenante. Donc, il aurait pu interpeller les personnes qu’il a estimé avoir causé des troubles, les juger et l’audience devrait suivre son cours normal', a réagi à VOA Afrique, Me Kemneloum Djiraibe, un des avocats du collectif.

"Nous sommes en droit de penser et de le dire tout haut que ce procès est un procès purement politique. On ne peut pas utiliser la justice pour régler des comptes politiques. Nous insistons sur le fait que toute audience est publique, la publicité de l'audience ne peut pas être remise en cause. On voit venir les manœuvres dilatoires qui sont en train d’être faites pour maintenir nos clients dans les liens de la prison jusqu’à une date qui conviendrait au pouvoir public afin de les libérer', a poursuivi l’avocate.

Avec ce renvoi de l’audience, l’Union des Syndicats du Tchad durcit sa position. Elle a appelé ses membres à mener désormais une grève sèche sur toute l’étendue du territoire jusqu’à la libération de ces prévenus.