La CEI a en revanche annoncé dimanche soir une série de résultats dans les grandes villes. A Bouaké, deuxième cité du pays, le maire Nicolas Djibo a été reconduit, sous la bannière du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). A Yamoussoukro, la capitale politique, le maire Kouacou Gnrangbe Kouadio Jean (Parti démocratique de Côte d'Ivoire -PDCI) a été réélu.
A San Pedro, deuxième port ivoirien, le secrétaire d'Etat chargé des PME Félix Anoble a été déclaré vainqueur par la CEI. Ancien du PDCI, il a rejoint le RHDP. A Cocody, une des communes d'Abidjan, c'est le candidat PDCI Jean-Marc Yassé qui l'a emporté. Enfin à Korhogo, la grande ville du Nord ivoirien, le RHDP Lazani Coulibaly a largement gagné.
Lire aussi : Un mort à Lakota dans des affrontements lors des municipales en Côte d'IvoireLe Plateau, quartier des affaires d'Abidjan et commune la plus riche du pays, cristallisait une bonne partie des tensions, d'autres incidents ayant eu lieu dans le pays.
Ce scrutin oppose le RHDP Fabrice Sawegnon, spécialiste de la communication qui a orchestré les campagnes de plusieurs chefs d'Etat africains, au discret mais bien implanté Jacques Ehouo, du PDCI. Longtemps allié au RHDP, le PDCI a claqué la porte de la coalition gouvernementale il y a deux mois. Les deux hommes revendiquent la victoire au Plateau.
Lire aussi : Municipales en Côte d'Ivoire, grand test avant la présidentielle de 2020Selon des pointages partiels effectués samedi soir par l'AFP ainsi que par des observateurs indépendants, Jacques Ehouo semblait en tête. Mais samedi soir, la CEI du Plateau n'a pas procédé à la compilation des voix en raison de l’absence mystérieuse de ses deux présidents.
Après une nuit de tension entre les partisans des deux camps, les urnes ont été transférées dimanche à la CEI départementale au nord-est d'Abidjan pour tenter de débloquer la situation. Les forces de l'ordre y ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène.
En début d'après-midi, lors de la compilation, la CEI, sans proclamer de résultats, a semblé donner la victoire à M. Sawegnon, malgré les protestations des représentants de M. Ehouo et sous les regards circonspects d'observateurs de l'Union européenne.
Le litige porte sur le fait que M. Ehouo est en tête dans pratiquement tous les bureaux, où le taux de participation avoisinait les 20%, alors que M. Sawegnon ne remporte qu'un seul lieu de vote, celui de la Chambre de commerce, où le taux de participation avoisine les 90%.
Le numéro deux du PDCI, Maurice Kakou Guikahué, a déploré lors d'une conférence de presse "un braquage éhonté" des résultats des municipales et régionales qui selon lui, se profile à l'horizon. Le PDCI tient pour "seuls responsables la CEI et le gouvernement de tout débordement qu’engendrerait cette situation", a-t-il averti.
- Test avant la présidentielle -
Joint par l'AFP dimanche matin, M. Sawegnon a catégoriquement réfuté les allégations de fraude.
"On a identifié des bureaux où il y a eu des irrégularités, et là il y a eu refus de signer" les PV, a-t-il expliqué. "On est légalistes, on attend les arbitrages de la CEI", a-t-il assuré, niant également toute manœuvre d'intimidation de la part de ses partisans.
Par ailleurs, des incidents ont eu lieu dans plusieurs autres endroits du pays.
La CEI de Diabo (20 km à l'ouest de Bouaké, centre) a été pillée et saccagée dimanche par des jeunes qui contestaient les résultats du scrutin de cette petite commune, a constaté un journaliste de l'AFP qui a vu des urnes cassées, des ordinateurs détruits et des vitres brisées. Dans cette localité, c'est un élu du PDCI qui a été déclaré vainqueur aux dépens d'un indépendant.
A Tiebissou (40 km au nord de Yamoussoukro, centre), des jeunes ont dressé des barrages sur la route pour protester contre la victoire du RHDP sur un indépendant.
Les élections municipales et régionales constituaient un test avant le scrutin présidentiel de 2020, déjà dans toutes les têtes.
Avec AFP