Theresa May doit dévoiler sa vision de l'après Brexit

Le Premier ministre britannique Theresa May accueille le président du Conseil européen Donald Tusk à Londres, le 1er mars 2018.

Pressée par l'Union européenne de dévoiler ses projets et de proposer une solution à l'épineuse question irlandaise, la Première ministre britannique doit préciser vendredi sa vision des futures relations du Royaume-Uni avec l'UE après le Brexit.

La cheffe du gouvernement défendra l'idée d'un "accord le plus large et le plus approfondi possible - couvrant plus de secteurs et avec davantage de coopération que n'importe quel accord de libre-échange dans le monde aujourd'hui", selon des extraits de son discours transmis par ses services.

"Je crois que c'est réalisable parce que c'est dans l'intérêt de l'UE aussi bien que le nôtre", ajoutera-t-elle, relevant que "la tâche consistera à gérer la relation une fois que nous aurons deux systèmes juridiques différents".

Theresa May est dans une position plus que délicate, à la tête d'un pays divisé entre partisans et adversaires du Brexit, et prise en tenaille au sein même de son parti, entre ceux qui souhaitent une rupture franche avec l'UE comme le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, et les partisans de liens forts avec l'UE, tel le ministre des Finances Philip Hammond.

"Nous devons rassembler notre pays, en tenant compte des vues de tous ceux qui se préoccupent de cette question, des deux côtés du débat", dira Theresa May dans son discours prononcé à Mansion House, la résidence officielle du lord-maire de la Cité de Londres, et non à Newcastle (nord-est), comme initialement prévu, à cause des mauvaises conditions météorologiques au Royaume-Uni.

Londres a déjà expliqué vouloir quitter le marché unique et l'union douanière tout en obtenant un accord qui réduirait autant que possible les droits de douane et les démarches administratives. Le gouvernement britannique souhaite un accès "sans friction au marché unique".

"Soyons clairs: il ne peut y avoir de commerce sans frictions en dehors de l'union douanière et du marché unique. La friction est un effet secondaire inévitable de #Brexit. Par nature", a tweeté jeudi le président du Conseil européen Donald Tusk, peu avant de rencontrer Mme May à Londres.

- Casse-tête irlandais -

Deux anciens Premiers ministres britanniques ont également pris la parole ces deux derniers jours pour critiquer la position de Theresa May.

Le conservateur pro-européen John Major a demandé un peu de "réalisme" au gouvernement, jugeant ses objectifs "pas crédibles". Et le travailliste Tony Blair a jugé "impossible" de garder un accès au marché européen sans suivre les règles de l'UE.

Londres doit aussi trouver une solution au casse-tête irlandais: le Brexit, fin mars 2019, menace en effet de faire réapparaître une frontière "dure" entre entre la république d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du nord, province britannique.

L'enjeu pour Londres comme pour Dublin est de préserver l'accord du Vendredi saint, en 1998, qui a mis fin à trois décennies d'affrontements sanglants entre nationalistes et unionistes nord-irlandais en renforçant les liens entre les deux territoires.

Theresa May a catégoriquement rejeté un projet d'accord de la Commission européenne qui engloberait l'Irlande du nord dans le marché unique afin d'éviter une frontière avec la république d'Irlande, ce qui distinguerait la province du reste du Royaume-uni. Cela "menacerait l'intégralité constitutionnelle du Royaume-Uni (...) nous ne le ferons pas" a-t-elle martelé.

Mais elle n'a pas proposé d'autre option.

"Je pense qu'il existe des solutions technologiques" évitant une frontière "dure", a dit à l'AFP le député conservateur eurosceptique Jacob Rees-Mogg. Maintenir une union douanière serait à ses yeux "fatal" car "cela signifierait que notre politique commerciale serait fixée par Bruxelles et que nous ne pourrions pas voter dessus"

Pour le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, la solution, pour l'Irlande comme pour l'économie britannique, est au contraire l'union douanière.

Sa proposition a été jugée "cynique" par des membres du gouvernement, qui l'ont accusé d'exploiter les divisions du parti conservateur mais a été saluée par les syndicats et le patronat britanniques.

Avec AFP