Présente dans la capitale belge pour assister à un sommet de l'UE avec des pays issus de l'ex-URSS, Mme May devait rencontrer à 16H30 (15H30 GMT) le président du Conseil européen Donald Tusk, pour faire le point sur des négociations qui s'enlisent depuis des mois.
Cet entretien survient une semaine après que M. Tusk a pressé la dirigeante britannique d'abattre ses cartes d'ici à début décembre, si elle voulait obtenir avant Noël un feu vert à l'ouverture de tractations commerciales post-Brexit.
"Il est trop tôt pour commenter ce que sont les intentions de Mme May aujourd'hui", a dit le président du Conseil européen, interrogé par la presse avant leur rencontre.
"Les négociations continuent, mais je veux être claire sur le fait que nous devons avancer ensemble", a déclaré de son côté Mme May à son arrivée à Bruxelles.
"Il revient à la fois au Royaume-Uni et à l'UE de passer à la prochaine étape des négociations", a ajouté Mme May, qui a eu des rencontres bilatérales vendredi avec la Lituanie, la Belgique et le Danemark, ainsi qu'un entretien, non programmé, avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette dernière rencontre "a été très constructive", a commenté une source britannique, sans fournir de détails supplémentaires.
Les 27 autres Etats de l'UE estiment que seuls des engagements clairs de Londres permettront de boucler la première phase des tractations autour du Brexit, focalisée sur l'organisation du retrait britannique fin mars 2019.
Ils ont notamment à l'esprit la facture que le Royaume-Uni devra régler pour solder ses engagements financiers pris au sein de l'Union, qui reste le principal point d'achoppement.
'Phase conclusive'
"Les négociations font des progrès", a assuré vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "La phase conclusive commence le 4 décembre", a-t-il précisé, confirmant la date d'un dîner qu'il aura avec Mme May à Bruxelles.
Selon les médias britanniques, la Première ministre, dont la fragilité politique inquiète Bruxelles, a obtenu cette semaine un accord au sein de son gouvernement pour proposer de payer une quarantaine de milliards d'euros afin de solder les comptes avec l'UE, soit le double de ce qui était envisagé jusqu'ici.
Les Britanniques "sont en train d'évoluer, ils sont en train de préparer le terrain dans leur opinion publique", a estimé une source européenne proche des négociations.
Côté européen, l'évaluation de la facture est plus proche de 60 milliards d'euros, même si la Commission européenne, qui négocie au nom des 27, n'a jamais donné de chiffre officiel.
L'UE réclame également des "progrès suffisants" sur la question des droits des Européens vivant au Royaume-Uni après le Brexit et sur les conséquences du divorce sur la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.
Un accord d'étape sur les trois sujets est jugé indispensable par les 27 pour accepter d'élargir les négociations à la relation future avec Londres, notamment commerciale.
C'est pendant un sommet prévu pour les 14-15 décembre à Bruxelles qu'ils diront s'ils acceptent d'ouvrir cette deuxième phase, que le Royaume-Uni s'impatiente de pouvoir entamer. En cas de refus au cours de ce sommet, cette perspective serait reportée à "février ou mars", prévient un haut diplomate de l'UE.
Frontière 'dure'
"Il y a consensus sur le fait que la balle est dans le camp des Anglais", a assuré une source diplomatique européenne. "Plus ils nous font mariner, plus la solidarité (entre les 27) se renforce", a-t-elle ajouté.
Au-delà de la question financière, les tensions sont montées d'un cran ces dernières semaines autour du dossier irlandais.
Dublin craint en effet le retour d'une frontière "dure" avec l'Irlande du Nord, avec des postes-frontières, qui fragiliserait l'accord de paix de 1998 ayant mis fin à trente années de guerre civile.
Des progrès doivent être faits dans les négociations "dans un sens qui évite une frontière +dure+ sur l'île d'Irlande", a répété vendredi le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney, qui a rencontré le négociateur en chef du Brexit pour l'UE, Michel Barnier.
"Forte solidarité avec l'Irlande : les questions irlandaises sont des questions européennes", a tweeté ce dernier après son entretien avec M. Coveney, dont le gouvernement est plongé dans une crise politique qui pourrait provoquer élections anticipées.
Avec AFP