Timide reprise du travail au Soudan

Des manifestants soudanais ont érigé une barricade dans une rue, exigeant que le Conseil militaire transitoire du pays transfère le pouvoir aux civils, à Khartoum, Soudan, le 5 juin 2019.

Plusieurs magasins et stations-service ont rouvert lundi à Khartoum, où les transports en commun circulent de nouveau, au deuxième jour d'un mouvement de désobéissance civile lancé par la contestation soudanaise contre les généraux au pouvoir.

Le Conseil militaire de transition, au pouvoir depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril, avait annoncé dimanche soir le déploiement de renforts dans la capitale "pour un retour à la vie normale".

Le mouvement de désobéissance civile a été lancé à l'issue d'une semaine de répression dans le pays, qui a fait 118 morts et plus de 500 blessés, la majorité dans la violente dispersion d'un sit-in le 3 juin devant le siège de l'armée à Khartoum, d'après un comité de médecins proche de la contestation. Le gouvernement estime à 61 le nombre de morts.

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Quatre personnes ont été tuées dimanche, deux à Khartoum et deux autres à Omdourman, ville voisine de la capitale, a indiqué le comité de médecins.

Les forces de sécurité se sont évertuées ces derniers jours à démonter les barricades de fortune dressées par les contestataires qui réclament depuis des semaines le transfert du pouvoir aux civils.

Lundi, plusieurs magasins, stations-service et quelques agences de banques privées sont ouverts à Khartoum, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des bus publics circulent dans la capitale, où davantage de voitures et de passants sont visibles dans les rues par rapport aux jours précédents.

"Si je travaille, cela ne signifie pas que je ne soutiens pas la révolution", a assuré Abdulmajid Mohamed, un chauffeur de bus. "Je dois travailler pour soutenir ma famille sinon nous n'aurions pas d'argent".

Les militaires au pouvoir tiennent les manifestants pour responsables d'une détérioration de la sécurité à Khartoum et dans le pays.

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"L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC, fer de lance de la contestation) est pleinement responsable des récents et malheureux incidents (...) dont l'obstruction des routes", a affirmé dimanche soir le général Jamal el-Din Omar, un membre du Conseil militaire, dans un discours télévisé.

"Le Conseil militaire a décidé de renforcer la présence des forces armées, des RSF (Forces de soutien rapide, ndlr) et des autres forces régulières pour un retour à la vie normale", a-t-il ajouté.

Les RSF sont accusées par la contestation d'être à l'origine de la dispersion du campement installé depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum et de la répression qui a suivi.

Les forces de sécurité assureront "la sécurité des civils isolés, rouvriront les routes et faciliteront la mobilité des gens, des transports publics et privés, et protégeront les marchés et les installations étatiques stratégiques", a affirmé le général Jamal el-Din Omar.