Togo : 8 morts et 117 blessés dans des heurts entre policiers et manifestants en novembre (Amnesty)

Des affrontements entre policiers et manifestants en novembre dans le nord du Togo ont fait huit morts, un policier et sept habitants, ainsi que 117 blessés, dont certains par balles, selon un bilan publié vendredi par Amnesty International.

Des jeunes de la ville de Mango, à 600 kilomètres au nord de la capitale Lomé, ont organisé une série de manifestations non autorisées les 6 et 7 novembre, puis les 26 et 27 novembre, pour s'opposer à un projet de réhabilitation d'un complexe d'aires naturelles protégées, qui menace, selon eux, leurs habitations et les champs, explique Amnesty dans son communiqué.

"Cinq personnes ont été tuées et plus de trente blessées, sévèrement réprimées par les forces de sécurité", après les premières manifestations, selon l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme.

La situation s'est aggravée lors de la deuxième série de manifestations, après que les manifestants, excédés par la dispersion violente d'une protestation pacifique, ont lynché un commissaire de police. Les forces de l'ordre se sont alors déchaînées dans les jours suivants, pourchassant les habitants jusque dans leurs maisons, selon des témoignages recueillis par Amnesty.

Elles "ont tiré à bout portant et battu des personnes non armées, en tuant deux et en blessant 87 autres, y compris des femmes enceintes, au cours de représailles sur des habitants", selon Amnesty.

"Déployer des forces de sécurité, dont une unité d'élite de l'armée, qui ouvrent de manière arbitraire le feu sur une population constitue aussi un mépris flagrant pour la vie humaine et une violation du droit international", a déclaré dans le communiqué François Patuel, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest chez Amnesty International, actuellement au Togo.

Par ailleurs "plus de 60 personnes ont été arrêtées et sept d'entre elles sont toujours en détention", indique l'organisation.

Les autorités togolaises n'ont jamais fait état de représailles sur des habitants de Mango.

Le 28 novembre, le gouvernement a cependant pris des mesures d'apaisement, en nommant un nouveau préfet dans la localité et un nouveau chef de canton.

Des agents des forces de sécurité, "auteurs de bavures" ayant entraîné des décès sont également en "arrêt de rigueur", avait indiqué le 1er décembre le procureur du tribunal de Mango, Hervé M'dièbe Nassampere.

Par ailleurs, le projet de réhabilitation du complexe d'aires protégées a été pour le moment suspendu par les autorités.

Avec AFP