Le président Emmanuel Macron reçoit lundi après-midi les ministres concernés pour discuter de la réforme constitutionnelle qui doit supprimer ce droit dans l'île, où il est accusé de favoriser l'intallation de migrants illégaux en provenance principalement des Comores voisines. Cette mesure-choc a été dévoilée dimanche par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et sa collègue déléguée à l'outre-mer Marie Guévenoux lors d'une visite éclair à Mayotte.
Lire aussi : La France démantèle un camp de demandeurs d'asile à MayotteL'exécutif entend engager ans tarder la révision constitutionnelle indispensable pour y pour y parvenir, d'ores et déjà dénoncée par la gauche qui refusera de la voter. "Il faut que nous allions très vite", a fait savoir dès dimanche le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. Car sur le terrain, Mayotte restait lundi largement bloquée. Les barges qui relient Grande-Terre et Petite-Terre étaient toujours à l’arrêt et les barrages en place depuis le 22 janvier aux quatre coins du territoire.
"Il est hors de question de lever les barrages pour le moment", a déclaré dans la matinée à l'AFP Safina Soula, la présidente d'un des collectifs de citoyens. "Nous nous sommes mis d'accord avec le ministre, nous attendons des écrits", a-t-elle précisé. "Nous lui laissons jusqu'à mercredi pour recevoir ce courrier (...) nous verrons si le contenu est conforme à nos attentes".
Dimanche, Gérald Darmanin a précisé qu'un courrier d'engagement devait être envoyé dès le début de cette semaine au collectif des "forces vives", qui pilote le mouvement, et aux élus locaux. "J'ai cru comprendre qu'après avoir reçu ce courrier, les barrages seraient levés", a-t-il anticipé.
"Plus de République"
Département français le plus pauvre de France, Mayotte est peuplée de 310.000 habitants, selon l'Insee, l'office statistique français – probablement beaucoup plus selon la Chambre régionale des comptes – dont 48% d'immigrés comoriens ou d'autres pays d'Afrique. La plupart arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles depuis l'île comorienne d'Anjouan, distante de seulement 70 km. Beaucoup vivent dans des "bangas" (cases) insalubres organisés en bidonville.
Pour tenter d'enrayer ce flux, Gérald Darmanin s'est donc décidé à supprimer le droit du sol, une mesure qu'il a lui-même décrite comme "extrêmement forte, nette, radicale". "Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français", a-t-il décrit. Même si elle doit rester "évidemment circonscrite à l'archipel de Mayotte", selon M. Darmanin, la mesure divise déjà largement les oppositions.
"Pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n'a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République, et donc certainement pas le fait d'entamer le droit du sol", a déclaré sur CNews/Europe 1 le député LFI (gauche radicale) Manuel Bompard. "C'est un bon début puisque ça fait vingt ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l'intégralité du pays", a à l'inverse rappelé sur Franceinfo le président du Rassemblement national (extrême-droite), Jordan Bardella.
La fin du droit du sol à Mayotte permettra, selon M. Darmanin, de supprimer les titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir en France métropolitaine et dont les collectifs d'habitants en colère demandent la suppression.
Le nombre de titres de séjours émis à Mayotte diminuera de 90% avec ces nouvelles mesures et le durcissement du regroupement familial permis par la récente loi immigration, a précisé à l'AFP l'entourage du ministre. La suppression de ce dispositif sera actée dans un projet de loi Mayotte bientôt déposé à l'Assemblée nationale.