Transition en Guinée: des propositions allant "de 18 à 52 mois"

Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, lève la main lors de sa prestation de serment en tant que président de la transition du pays, le 1er octobre 2021 à Conakry. (Photo AFP/ Cellou BINANI)

Le gouvernement de la Guinée a conclu vendredi un forum politique contesté en annonçant avoir reçu des "propositions" pour un calendrier de transition politique "allant de 18 à 52 mois".

Après le putsch militaire du 5 septembre 2021 ayant porté à la tête de l'Etat le colonel Mamady Doumbouya, Conakry est sous la pression de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour restituer le pouvoir à des civils élus le plus rapidement possible.

Fin mars, la Cédéao avait sommé Conakry de lui présenter "au plus tard le 25 avril" un calendrier de transition "acceptable", sous peine d'une extension des sanctions économiques décidées contre le pays après le coup d'Etat et le refus manifeste de la junte d'organiser rapidement des élections.

Mais celle-ci a laissé passer l'échéance et, selon un communiqué de la Cédéao publié mercredi, Conakry a demandé à "avoir davantage de temps par rapport à l'échéance du 25 avril", afin de "permettre la poursuite des consultations".

Les autorités issues du coup d'état ayant renversé le président Alpha Condé ont lancé depuis mars deux consultations politiques - une conférence dite de réconciliation et "un cadre de concertation inclusif" - toutes deux boudées par un grand nombre de partis politiques.

En clôturant le "cadre de concertation inclusif", le ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a déclaré que l'"ensemble des acteurs" ayant accepté d'y participé avaient "proposé des durées allant de 18 à 52 mois" pour la transition, sans préciser à partir de quelle date.

"La durée et le chronogramme de la transition seront définis de commun accord entre le CNRD [le Comité national du rassemblement et du développement, l'organe dirigeant de la junte] et les acteurs des forces vives", a-t-il ajouté.

Mais Rafiou Sow, porte-parole de l'Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (Anad) et du G58, deux importantes coalitions politiques, a déclaré à l'AFP que "le cadre de concertation [...] ne nous concerne pas, les conclusions de ce cadre de concertation ne nous engagent pas [...] ce cadre de concertation n'est pas valable, il n'est pas national".

M. Sow a réclamé au contraire la mise en place d'un "cadre de dialogue permanent" incluant "un facilitateur désigné par la communauté internationale", faute de quoi les partis qu'il représente seront "obligés d'user de manifestations pacifiques pour [se] faire entendre".