Trois ans plus tard, le meurtre de deux journalistes français au Mali suscite des interrogations

L'association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI, a regretté jeudi les "zones d'ombre" qui entourent toujours le mobile et les circonstances de ce drame.

"Qui sont les tueurs, les commanditaires, quelles sont les circonstances, et pourquoi ?" s'est interrogé le porte-parole de l'association, Pierre-Yves Schneider, au cours d'une conférence de presse à Paris à la mémoire des deux journalistes de RFI.

Selon lui, la centaine de documents qui ont été déclassifiés par le ministère français de la Défense comporte "beaucoup de passages blanchis, raturés. Il y a des éléments tronqués".

L'association retient notamment un passage du livre récemment paru, "Un président ne devrait pas dire ça", rédigé par les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme à partir de confidences du président François Hollande.

Evoquant le cas de deux autres Français enlevés au Mali en 2011, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, M. Hollande leur a confié le 7 novembre 2013, quatre jours après le double assassinat des journalistes : "on a le cas Lazarevic, sans doute détenu par ceux qui ont tué les deux journalistes et qui auraient tué Verdon".

Une vue du désert mauritanien où évolu AQMI

La mort de Philippe Verdon avait été annoncée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en mars 2013.

"On a envie d'en savoir plus depuis cette phrase", a affirmé le président de l'association, ajoutant que "toutes les pistes sont ouvertes dans cette affaire où il y a des choses à cacher".

Une des hypothèses retenues par l'association serait que le commando qui a enlevé et tué les journalistes aurait pu être impliqué dans les négociations alors en cours pour libérer Serge Lazarevic (qui a retrouvé sa liberté en 2014).

Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, ont été enlevés à Kidal (nord du Mali) par des hommes armés le 2 novembre 2013 lors d'un reportage. Leurs corps ont été retrouvés deux heures après le rapt à 12 km de Kidal par des militaires français qui avaient été alertés de l'enlèvement. Aqmi avait revendiqué leur assassinat.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a déclassifié cent documents confidentiels défense dans le cadre de l'enquête française sur l'assassinat des deux journalistes de RFI.

La société des journalistes de la radio et celles d'une vingtaine d'autres médias ont souligné dans un communiqué commun que "les circonstances de la tragédie suscitent toujours autant d'interrogations. Et nous avons le désagréable sentiment que tout n'est pas mis en oeuvre pour faire éclater la vérité dans cette affaire".

Avec AFP