Trump à Detroit en quête du vote noir

Le candidat Trump en campagne le 1er septembre 2016.

La démarche est périlleuse: en difficulté dans les sondages à moins de 70 jours de l'élection présidentielle, Donald Trump lance samedi à Detroit, dans le Michigan, une offensive de charme envers la communauté noire américaine, massivement acquise à Hillary Clinton.

Conscient de la nécessité d'élargir sa base électorale pour espérer succéder à Barack Obama en 2017, le candidat républicain à la Maison Blanche multiplie, depuis quelques semaines, les appels à une communauté qu'il avait rarement évoquée jusqu'ici mais qui représente environ 12% de l'électorat aux Etats-Unis.

Son argument ? Les démocrates parlent en votre nom depuis des décennies mais regardez les statistiques: le chômage et la pauvreté vous frappent plus que les autres, vous vivez dans des quartiers gangrénés par la violence, vos enfants n'ont pas accès à une éducation de qualité : "Qu'avez-vous à perdre ?".

"Il ne s'intéressent pas à vous. Ils vous aiment juste une fois tous les quatre ans, prennent votre vote et puis +Bye, bye!+", lançait-il fin août lors d'un meeting dans l'Ohio, devant - ironie de l'histoire - une foule comme toujours presque exclusivement blanche.

A l'appui de son argumentaire, il invoque, entre autres, l'attitude des démocrates face à l'immigration, affirmant sans détours que sa rivale démocrate préfèrerait "donner un emploi à un réfugié plutôt qu'à des jeunes noirs au chômage".

L'électorat noir est traditionnellement très favorable aux démocrates. En 2012, 93% d'entre eux ont voté pour Barack Obama, selon les sondages de sorties des urnes. Hillary Clinton a elle-même démontré son immense popularité auprès de cette communauté lors des primaires, recueillant jusqu'à 90% des voix des électeurs noirs face au sénateur Bernie Sanders.

Le programme du milliardaire populiste à Detroit reste entouré d'un certain flou. Il devrait, à l'issue de l'enregistrement d'un entretien télévisé, assister à une célébration et s'exprimer brièvement devant une congrégation baptisée "Great Faith Ministries International", avant d'aller à la rencontre des habitants d'un quartier noir.

Dilemme récurrent de sa campagne: l'homme d'affaires septuagénaire improvisera-t-il, au risque de dérapages, ou s'en tiendra-t-il avec discipline à un script soigneusement préparé à l'avance ?

- Soutiens racistes -

Le New York Times a publié jeudi soir des extraits d'un document de travail de 8 pages où l'on peut lire les questions qui doivent être posées par le pasteur Wayne T. Jackson, et les réponses préparées par les conseillers du magnat de l'immobilier.

On y découvre un Trump à la tonalité très "présidentielle", promettant d'aborder son rôle à la Maison Blanche avec "la plus grande sagesse" et d'être au service de tous les Américains quelle que soit "leur race ou leur origine ethnique".

Interrogé sur ce document, le pasteur a expliqué qu'il avait effectivement transmis ses questions à l'avance mais assuré qu'elles pourraient évoluer, réfutant vigoureusement l'idée selon laquelle il travaillerait main dans la main avec l'équipe du candidat républicain.

"Il a fait des déclarations selon lesquelles il voulait améliorer la situation de la communauté noire, nous voulons savoir comment il va s'y prendre", a-t-il expliqué sur CNN.

"Il existe un sentiment répandu selon lequel nombre de personnes racistes soutiennent sa campagne. Ce sont des questions que nous allons poser. Et quand l'entretien sera terminé, il appartiendra aux gens de se forger leur propre avis et de décider".

Les démocrates rappellent régulièrement qu'un ancien leader du Ku Klux Klan, David Duke, a appelé à voter Donald Trump le 8 novembre, même si le candidat républicain a rejeté le soutien de cette figure de l'extrême-droite raciste américaine.

Ils soulignent aussi que c'est le même Donald Trump qui avait pris la tête d'une campagne nauséabonde - relayée par la droite de la droite du "Grand Old Party" - visant à remettre en cause la nationalité américaine de Barack Obama, premier président noir de l'histoire américaine.

Avec AFP