Il s’agit d’une escalade dans les relations entre le président américain et son voisin du sud, sur fond de recrudescence du nombre de migrants arrivant à la frontière entre les deux pays pour demander l’asile aux Etats-Unis.
Donald Trump avait plus tôt dans l’année menacé de fermer la frontière mexicaine ou d’imposer des droits de douane sur les voitures importées en provenance du Mexique si les autorités mexicaines n’étaient pas plus actives pour stopper les “caravanes” de migrants venus d’Amérique centrale.
“Les droits de douane vont progressivement augmenter jusqu’à ce que le problème d’immigration illégale soit résolu”, auquel cas ces tarifs douaniers seront alors supprimés, a déclaré le président américain sur Twitter.
Lire aussi : Trump prévoit "une annonce majeure sur la frontière" avec le MexiqueDans un communiqué transmis par la Maison blanche, il précise que son administration relèvera les droits de douane à 10% au 1er juillet et continuera de les augmenter chaque mois jusqu’à ce qu’ils atteignent 25% au 1er octobre prochain.
Des droits de douane de 25% resteront alors en vigueur tant que le Mexique n’aura pas “stoppé considérablement” le flux de migrants arrivant à la frontière avec les Etats-Unis, ajoute-t-il.
Cette annonce a provoqué des remous sur les marchés financiers, qui craignent que des tensions commerciales supplémentaires aient un impact négatif sur l’économie mondiale. Le peso mexicain reculait à un plus bas en trois mois face au dollar suite aux déclarations de Trump.
“DÉSASTRE”
Andres Manuel Lopez Obrador a dit vouloir éviter une “confrontation” avec les Etats-Unis et a ordonné à son ministre des Affaires étrangères de se rendre dès vendredi à Washington pour des discussions.
Dans une lettre adressée à son homologue américain, le président mexicain déclare que le Mexique assume ses responsabilités en faisant tout pour empêcher le passage de migrants tout en respectant les droits de l’homme.
Lire aussi : Des soutiens de Trump construisent un mur privé à la frontière mexicaineLe ministère mexicain des Affaires étrangères a dénoncé une mesure injustifiée, inattendue et “très extrême”.
Cela serait un “désastre” si Donald Trump venait effectivement à mettre en oeuvre sa menace, a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères, Jesus Seade.
Il a ajouté que Mexico privilégiait la conclusion d’un accord commercial mais était prêt à répondre “avec fermeté”.
Donald Trump, qui entend lutter contre le flux de migrants venus d’Amérique centrale pour demander l’asile sur le territoire américain, a jusqu’à présent échoué à convaincre le Congrès américain de durcir les lois en matière d’immigration et de lui allouer les fonds pour la construction d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Selon des représentants américains, 80.000 migrants clandestins ont été placés en détention, avec en moyenne 4.500 arrivées illégales par jour, un flux face auquel les équipes aux frontières se retrouvent en difficulté.
Un représentant de haut rang de la Maison blanche a déclaré que Donald Trump était particulièrement préoccupé par l’arrestation de 1.036 migrants qui traversaient illégalement la frontière mexicaine mercredi. Il s’agit, selon des membres de l’administration, du plus important groupe de migrants arrivés depuis octobre dernier.
D’après une source proche du président américain, un débat a eu lieu au sein de la Maison blanche autour des mesures commerciales à engager ou non à l’égard du Mexique.
“La coopération passive du Mexique dans cette intrusion de masse présente une urgence et une menace extraordinaire à la sécurité nationale et à l’économie des Etats-Unis”, déclare le président américain dans le communiqué.
“Le Mexique a des lois très strictes en matière d’immigration et pourrait facilement stopper le flux de migrants clandestins, notamment en les renvoyant dans leurs pays d’origine”, ajoute-t-il.
Des représentants américains affirment que le système d’immigration est dépassé par l’arrivée de milliers de migrants, notamment car les installations aux frontières ne sont suffisantes pour accueillir ces migrants venus pour la plupart avec des enfants.
Avec Reuters