Trump et Bolsonaro affichent leur complicité à Washington

Le Président du Brésil, Jair Bolsonaro, serre la main du Président des États-Unis, Donald Trump, à l'issue d'une conférence de presse conjointe au Rose Garden de la Maison Blanche à Washington, aux États-Unis, le 19 mars 2019. REUTERS / Kevin Lamarque

Unis dans la dénonciation des "Fake News", Donald Trump et Jair Bolsonaro, l'un de ses plus fervents admirateurs, ont affiché une forme de complicité mardi à Washington, louant une proximité sans précédent entre les Etats-Unis et le Brésil.

"Vous faites un travail fantastique, vous avez rassemblé votre pays", a lancé le président américain sous un grand soleil, depuis les jardins de la Maison Blanche.

"J'ai toujours admiré les Etats-Unis et cette admiration est devenue encore plus forte après votre prise de fonction", a répondu le président brésilien, se disant convaincu que le milliardaire serait réélu en 2020.

Soulignant l'énorme potentiel de coopération entre les deux pays, M. Trump s'est dit prêt à ce que soit accordé au Brésil le statut d'allié majeur non-membre de l'Otan et a même évoqué, à la stupeur générale, une possible adhésion de la première puissance économique d'Amérique latine à l'Alliance atlantique.

Lire aussi : Trump accueille Bolsonaro, le président brésilien

Au-delà d'une passion commune pour les tweets et d'un goût revendiqué pour la provocation, l'ancien magnat de l'immobilier et l'ex-parachutiste sont à l'unisson sur nombre de sujets, de leur rejet du multilatéralisme à la dénonciation de l'accord de Paris sur le climat.

"Le Brésil et les Etats-Unis n'ont jamais été aussi proches", a lancé M. Trump, saluant la campagne électorale menée par M. Bolsonaro, élu comme lui sur un message de rupture.

Le président brésilien, parfois surnommé "le Trump des tropiques", a depuis son arrivée au pouvoir le 1er janvier affiché un pro-américanisme très marqué qui tranche avec la tradition de la diplomatie brésilienne, qui s'efforçait de se tenir à égale distance des grandes puissances.

"Regardez les journaux télévisés, je les appelle +Fake News+", a lancé M. Trump avant de souligner qu'il était "très fier" d'avoir entendu son homologue brésilien utiliser cette expression quelques minutes plus tôt.

- Trump évoque Pelé -

Sans surprise, les deux hommes ont affiché leur unité sur le Venezuela, faisant encore monter la pression sur le président Nicolas Maduro dont ils réclament avec force le départ depuis qu'ils ont reconnu l'opposant Juan Guaido comme président par intérim.

"Nous appelons les militaires vénézuéliens à mettre fin à leur soutien à Maduro", a une nouvelle fois lancé M. Trump, évoquant de possibles sanctions supplémentaires "beaucoup plus dures" contre Caracas.

"Toutes les options sont sur la table", a-t-il répété, restant évasif sur une éventuelle intervention militaire. "Ce qui se passe au Venezuela est honteux", a-t-il dit.

Cette nouvelle évocation par M. Trump de "toutes les options" envisagées sans exclure l'option militaire a suscité l'indignation du gouvernement de M. Maduro. "Il est grotesque de voir deux chefs d'Etat ayant des responsabilités internationales essentielles faire l'apologie de la guerre sans aucune gêne, en violation flagrante de la Charte des Nations unies", a déclaré dans un communiqué le ministère vénézuélien des Affaires étrangères.

Un peu plus tôt, devant les journalistes, MM. Trump et Bolsonaro ont échangé des maillots des équipes de football de leurs pays. "Je me souviens encore de Pelé", a lancé M. Trump, louant les qualités de la Seleçao.

Pour M. Trump, cette visite devait être l'occasion de tourner la page d'une séquence difficile entre l'échec du sommet de Hanoï avec le leader nord-coréen Kim Jong Un et le camouflet d'un vote du Congrès sur son projet de mur à la frontière avec le Mexique.

- Bolsonaro défend le mur -

Dans un entretien à la chaîne Fox News, M. Bolsonaro a loué la pugnacité du président des Etats-Unis sur la question du mur en prenant comme contre-exemple la France où, a-t-il affirmé contre toute évidence, "les frontières sont ouvertes aux réfugiés sans le moindre filtre".

"L'immense majorité des immigrants potentiels n'ont pas de bonnes intentions", a-t-il déclaré, avant de s'excuser un peu plus tard pour ses propos lors d'un point de presse où il a précisé qu'il voulait en réalité parler d'une "minorité" de ceux qui tentent de rejoindre l'Amérique.

Le président des Etats-Unis et celui de la première puissance d'Amérique latine ont insisté sur une coopération économique renforcée.

Dans une décision chargée en symboles, le Brésil a annoncé lundi qu'il autoriserait les Etats-Unis à lancer des satellites depuis le centre spatial d'Alcantara, dans l'Etat septentrional de Maranhao.

Alcantara est idéalement situé en raison de sa proximité avec l'équateur, qui permet des économies de combustible de l'ordre de 30% pour les lancements ou la mise en orbite de charges plus lourdes.

Avec AFP