Le président américain et son homologue français, qui ont multiplié les embrassades et les poignées de main, sont restés évasifs sur les contours, la portée et les conséquences exactes de ces nouvelles négociations qu'ils appellent de leurs voeux mais qui devraient se heurter à la vive opposition de Téhéran.
"Nous souhaitons pouvoir désormais travailler sur un nouvel accord avec l'Iran", a lancé M. Macron, évoquant la possibilité que son homologue américain mette à exécution sa promesse de campagne de jeter aux orties ce texte visant à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.
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"On ne déchire pas un accord pour aller vers nulle part, on construit un nouvel accord qui est plus large", a-t-il poursuivi, soulignant sa volonté d'aborder "tous les sujets de la région", dont la Syrie et les activités balistiques de Téhéran.
M. Trump, qui s'est dit ouvert à un nouveau texte "beaucoup plus large" aux fondations "solides", a une nouvelle fois stigmatisé l'accord "ridicule" conclu par son prédécesseur démocrate Barack Obama.
"Nous verrons ce qui se passera après le 12 (mai)", a-t-il lâché, évoquant l'échéance à laquelle il prendra une décision sur le devenir de cet accord conclu en 2015 après des années d'âpres négociations entre l'Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie).
"Un grand président"
Pour Robert Malley, ancien conseiller de Barack Obama et désormais président de l'International Crisis Group (ICG), la portée de l'annonce faite lors de la conférence commune des deux dirigeants est a priori limitée.
"Si Trump est d'accord pour respecter l'accord sur le nucléaire iranien et si le sort de ce dernier ne dépend pas de l'issue des négociations sur un autre accord séparé, plus large (et assez improbable) avec l'Iran (...) alors cela représenterait quelque chose", a-t-il tweeté. "Bien sûr, cela fait beaucoup de +si+", a-t-il ajouté aussitôt.
Premier dirigeant étranger à effectuer une visite d'Etat aux Etats-Unis sous la présidence Trump, Emmanuel Macron a tout fait pour nouer une relation étroite, personnelle, avec un homologue dont la vision du monde est pourtant, à de nombreux égards, diamétralement opposée à la sienne.
Les deux dirigeants, que plus de 30 ans séparent, ont ostensiblement affiché leur "amitié" depuis l'arrivée de M. Macron lundi à Washington.
"Ce sera un grand président pour la France, c'est ce que je prédis", a lancé M. Trump avant d'entrer dans le Bureau ovale, entraînant énergiquement son hôte par la main.
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Ce qui ne l'a pas empêché, en présence de son homologue français et juste avant leur entretien, de critiquer avec virulence l'accord sur le nucléaire iranien que jusqu'ici la France voulait défendre, "un désastre", ainsi que les échanges commerciaux "injustes" avec l'Union européenne.
Une diatribe qui augurait mal de l'issue des pourparlers sur les deux sujets, et qu'Emmanuel Macron a écouté d'un air soucieux.
Scène surprenante dans le Bureau ovale
Le président américain a par ailleurs rendu hommage au colonel Arnaud Beltrame, le gendarme français qui a donné sa vie pour sauver une otage lors d'un attentat jihadiste en France le mois dernier.
Cette deuxième journée de la visite présidentielle française a donné lieu à une surprenante scène lorsque que Donald Trump a entrepris, devant les caméras du monde entier, de... balayer des pellicules du costume de son invité.
"Nous avons une relation très privilégiée, d'ailleurs je vais retirer ces quelques pellicules", a déclaré M. Trump en faisant mine d'épousseter l'épaule d'Emmanuel Macron, surpris par son geste. "Nous devons le rendre impeccable, il est impeccable !".
Mardi soir, un fastueux dîner d'Etat en l'honneur des Macron a réuni 130 invités de marque à la Maison Blanche, décorée de fleurs de cerisier. Parmi les convives, Ivanka Trump et son époux Jared Kushner, ou encore le patron du groupe français du luxe LVMH Bernard Arnault -- Mme Macron portait d'ailleurs une robe Vuitton blanche dorée, alors que Melania Trump était en robe argentée Chanel -- et Christine Lagarde, directrice du FMI.
Les deux présidents ont chacun porté un toast à l'amitié entre leurs pays. "Beaucoup commentent notre amitié personnelle", a remarqué Emmanuel Macron. "Des deux côtés de l'océan, il y a deux ans de cela, peu auraient prédit que vous et moi allions nous retrouver à cet endroit".
"C'est sans doute pour cela que vous et moi avons beaucoup en commun qui relève de la détermination, peut-être de la chance. Nous savons l'un et l'autre que nous ne changeons pas facilement d'avis, mais avons la volonté de travailler ensemble", a conclu M. Macron, sa seule allusion aux discussions du matin.
Avec AFP