Trump lance l'offensive pour rallier l'opinion à l'abrogation d'"Obamacare"

Donald Trump avec des leaders républicains de la Chambre des représentants, la Maison Blanche, le 7 mars 2017.

Donald Trump et la Maison Blanche ont lancé une offensive politique et médiatique pour vendre le projet républicain de réforme du système de santé et d'abrogation d'"Obamacare", mais l'aile droite de la majorité regimbe.

Revêtant les habits de chef de parti, il a reçu mercredi soir les leaders d'influentes organisations conservatrices afin de vaincre leurs réticences et dîné à la Maison Blanche avec Ted Cruz, son ex-rival des primaires, sénateur du Texas dont la voix est décisive.

"Ce fut une bonne occasion d'échanger des idées afin de trouver un terrain d'entente", a déclaré diplomatiquement Adam Brandon, président de l'organisation FreedomWorks, l'un des six groupes conviés dans le Bureau ovale et qui ont appelé à torpiller le plan dévoilé cette semaine.

Le porte-parole de l'exécutif Sean Spicer a promis de nombreux déplacements et des interventions de responsables de l'administration sur des chaînes de télévisions et radios locales, afin de convaincre les Américains que la réforme abaisserait le coût de la santé.

Tous les républicains sont d'accord pour abroger Obamacare, la réforme de 2010 emblématique de la dérive socialisante des années Barack Obama, disent-ils.

Mais par quoi la remplacer?

Les chefs républicains ont concocté une proposition de loi qui "abroge et remplace" simultanément, selon leur formule, et qu'ils veulent faire adopter au pas de charge, avant les vacances de Pâques dans un mois.

Mais ce texte ne va pas assez loin pour les ex-élus du (très à droite) Tea Party. Ils l'ont qualifié d'Obamacare "light" et exigent un désengagement complet de l'Etat du marché de la santé.

En fait, ils n'ont pas claqué la porte. Ils veulent obtenir des concessions directement de l'homme d'affaires.

"C'est le début de la négociation", a affirmé mardi le sénateur libertarien Rand Paul, courtisé par Donald Trump.

Son collègue Jim Jordan, du courant Freedom Caucus à la Chambre des représentants, insiste: les crédits d'impôts, le maintien de certaines taxes créées par Obamacare, la prolongation de subventions fédérales... rien de tout cela, présent dans le plan républicain, ne correspond à l'orthodoxie conservatrice, dit-il.

'Crise de croissance'

Les démocrates ont qualifié ce texte de "catastrophe" qui ferait perdre à des millions de personnes leur couverture maladie et supprimerait des impôts pour les plus aisés.

Mais du point de vue des chefs de la majorité, leur texte est un compromis, calibré pour satisfaire les républicains modérés.

Ils ont d'ailleurs conservé plusieurs acquis très populaires d'Obamacare: la possibilité pour les enfants de rester sur l'assurance de leur parents jusqu'à 26 ans, et l'interdiction pour les assureurs de refuser d'assurer quelqu'un à cause de ses antécédents médicaux.

Paul Ryan, président de la Chambre, martèle que les républicains ont été élus sur la promesse d'abroger Obamacare. Ils perdraient toute crédibilité en cas d'échec.

"Nous passons par l'inévitable crise de croissance du passage d'un parti d'opposition à un parti de gouvernement", a-t-il déclaré mercredi, confiant dans l'adoption finale du texte.

A ce stade, le plan républicain reste plus que jamais en vie.

La minorité démocrate, décidée à se battre bec et ongles, a toutefois déposé un déluge d'amendements dans deux commissions de la Chambre mercredi. Ces manoeuvres dilatoires pourraient durer plusieurs jours, mais c'est l'étape préalable au débat en plénière.

"Si les gens n'aimaient pas Obamacare, ils vont détester ça", a asséné l'élu démocrate Eliot Engel.

Le Sénat, où la majorité républicaine est de seulement 52 sièges sur 100, examinera le texte uniquement s'il est adopté par la chambre basse du Congrès.

De la réussite de cette abrogation dépend la suite du programme législatif de Donald Trump pour 2017: une grande réforme fiscale et un plan d'investissements dans les infrastructures.

"Ce sera une grande baisse d'impôts, la plus grande depuis Reagan, voire plus grande", a-t-il promis mardi. "Mais on ne peut malheureusement pas commencer tant qu'on n'en a pas terminé avec la santé".

Avec AFP