Donald Trump a mis en garde mardi contre toute "faiblesse" face aux rivaux des Etats-Unis et aux "régimes voyous", au premiers rang desquels il a placé la Corée du Nord dont les missiles nucléaires pourraient "très prochainement menacer" l'Amérique.
Sans s'étendre sur les relations tumultueuses avec Moscou, sur fond de soupçons de collusion entre son équipe de campagne et le Kremlin de Vladimir Poutine lors de l'élection qui l'a mené à la Maison Blanche il y a un an, le milliardaire républicain a préféré insister sur les moyens d'assurer la "puissance" des Etats-Unis.
Il a ainsi demandé au Congrès de voter les crédits nécessaires pour l'armée américaine, notamment pour "moderniser et reconstruire notre arsenal nucléaire" afin de "le rendre si fort et si puissant qu'il dissuadera toute agression".
Car Donald Trump a fait des ambitions nucléaires de la Corée du Nord le défi international numéro un de son administration.
Après avoir dénoncé ses autres bêtes noires, du Venezuela de Nicolas Maduro à Cuba en passant par l'Iran -- "l'Amérique se tient aux côtés du peuple iranien dans sa lutte courageuse pour la liberté" --, et après avoir souligné qu'il "reste beaucoup à faire" contre le groupe jihadiste Etat islamique en Irak et en Syrie, le président s'est longuement attardé sur la crise nord-coréenne.
"Aucun régime n'a opprimé ses propres citoyens" aussi "brutalement que la dictature cruelle de Corée du Nord", a-t-il dit. Selon lui, "la dangereuse quête de missiles nucléaires par la Corée du Nord pourrait très prochainement menacer notre territoire" et il "suffit de regarder le caractère vicieux du régime nord-coréen pour comprendre" l'ampleur du défi.
"Nous menons une campagne de pression maximale pour éviter que cela arrive", a-t-il rappelé.
Il a jugé que "la faiblesse est la voie la plus sûre vers le conflit". Il a ainsi mis en garde contre "la complaisance et les concessions", promettant de ne pas répéter "les erreurs des précédentes administrations", qu'il accuse régulièrement d'avoir trop longtemps fermé les yeux, permettant à Pyongyang d'accélérer sa course à la bombe atomique.
Le président des Etats-Unis, engagé dans une périlleuse guerre des mots avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, ne s'est pas étendu sur sa stratégie. Depuis un an, il a soufflé le chaud et le froid, menaçant de "détruire totalement" la Corée du Nord en cas d'attaque mais se disant aussi, par moments, prêt au dialogue.
Selon le Washington Post, celui qui était pressenti depuis des mois pour devenir ambassadeur des Etats-Unis en Corée du Sud, l'universitaire et diplomate Victor Cha, ne sera finalement pas nommé par la Maison Blanche.
La raison de ce revirement: ses critiques, rapportent des sources proches du dossier citées par le quotidien, contre la stratégie nord-coréenne de l'administration Trump, et notamment la possibilité envisagée de mener une frappe préventive ciblée contre le pays reclus tout en espérant éviter un conflit plus vaste.
Les menaces nord-coréennes "sont réelles et sans précédent", reconnaît Victor Cha dans une tribune publiée par le même journal. "Mais la réponse n'est pas, comme certains responsables de l'administration Trump le suggèrent, une frappe militaire préventive", ajoute le conseiller du think tank Center for Strategic and International Studies.
"Une frappe (même une frappe importante) ne ferait que retarder les programmes balistiques et nucléaires de la Corée du Nord", prévient-il.
De nombreux observateurs en ont conclu que cette option militaire est bien sérieusement envisagée à Washington, et ont mis en garde sur Twitter contre les risques d'une telle stratégie qui pourrait dégénérer selon eux en guerre nucléaire.
Pour appuyer son propos sur Pyongyang, le président avait invité au Congrès les parents d'Otto Warmbier, cet étudiant américain détenu par Pyongyang et décédé en juin après son rapatriement dans le coma.
"Vous êtes les puissants témoins d'une menace contre notre monde, et votre force nous inspire", a-t-il lancé à Fred et Cindy Warmbier.
Dans le public, Donald Trump a également fait applaudir le nord-coréen Ji Seong-ho qui a fait défection et "vit aujourd'hui à Séoul et vient en aide à d'autres transfuges".
Avec AFP