Tuerie de masse dans une église nigériane: les auteurs toujours en cavale

Le gouverneur de l’Etat d'Ondo Rotimi Akeredolu aux chevet des victimes, le 6 juin 2022.

Au Nigeria, la chasse à l’homme se poursuit pour retrouver les auteurs de l’attaque qui a fait des dizaines de morts dans une église de l’État d’Ondo. Cette tuerie alimente la situation d’insécurité qui pourrait menacer la tenue des élections générales prévues l’année prochaine.

Au moins 21 morts, dont de nombreux enfants: c’est le bilan fourni par les autorités locales suite à l’attaque par des assaillants qui ont pris pour cible l'église catholique Saint François dans l’État d’Ondo, dans le sud-ouest du Nigeria. La presse fait état d'un bilan plus lourd. Aucun groupe n'a revendiqué l'attaque survenue dimanche matin, alors que les fidèles célébraient la messe de la Pentecôte.

"J’étais là et j’ai tout vu de mes propres yeux", témoigne Yusuf Usman qui se trouvait non loin de la paroisse au moment des faits. "C’était juste terrible, c’est vraiment pitoyable pour nous dans cette ville", ajoute-t-il.

Cette indignation et cette colère sont largement partagées par les Nigérians. Par ailleurs, l'attaque est survenue à quelques heures de la convention du parti présidentiel qui doit choisir son candidat pour la présidentielle de 2023.

"L’attaque est intervenue à un moment très critique", décrypte Yahuza Getso, expert en sécurité. "Il y a une tension politique entre les trois zones géopolitiques du pays actuellement. Une tension politique au sein du parti au pouvoir pour le choix de celui qui sera son candidat. Et une une tension psychologique concernant les auteurs qui tuent ou ceux qui mènent ces activités criminelles".

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Violence au Nigeria : une église visée, des dizaines de morts

"Beaucoup de Nigérians sont préoccupés et inquiets", confirme Hamza Lawal. "En ce moment, le Nigeria est à la croisée des chemins. Nous avons besoin d’un leader qui va unir le pays et qui va surtout nous inspirer".

"La réponse du gouvernement face à la crise a été jusqu’ici plus concentrée sur l’offensive par l’intervention militaire", estime Idayate Hassan, la directrice du Centre pour la démocratie et le développement. "Pour trouver une solution durable, nous avons besoin d'autres mesures. Et pour le recours à la force militaire, il faut une collaboration entre les agences de sécurité".

Des attaques et des enlèvements courants

Le pays le plus peuplé d'Afrique est depuis un certain temps le théâtre d'attaques et d'enlèvements contre rançon perpétrées par des gangs armés, principalement au nord-ouest.

Il y a une semaine, le chef de l'Église méthodiste du Nigeria a été enlevé avec deux autres religieux dans le sud-est du pays. Selon le religieux, une rançon de 240.000 dollars a été payée pour sa libération et celle de ses compagnons.

Deux autres prêtres catholiques enlevés à Katsina, l'État d'origine du président Muhammadu Buhari, dans le nord du pays, sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.