Tunisie : au moins 12 morts dans un attentat contre un bus de la garde présidentielle

Le drapeau tunisien sur le capot d'un véhicule derrière des policiers qui montent la garde sur le lieu d'une fusillade, Tunis, Tunisie, 20 mars 2015. (AP Photo/Christophe Ena)

Au moins 12 agents ont été tués mardi dans un attentat contre un bus de la sécurité présidentielle dans le centre de Tunis, qui frappe un pays déjà endeuillé par des attaques jihadistes majeures cette année.

"L'explosion est acte terroriste. Il y a 12 martyrs et 17 blessés", a déclaré à l'AFP Walid Louguini, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Selon un autre responsable du ministère, tous les morts sont des agents de la sécurité présidentielle. Ce bilan est encore provisoire, a indiqué de son côté la présidence de la République dans un communiqué.

L'explosion s'est produite en fin d'après-midi près de l'avenue Mohamed-V, une des principales artères de la capitale.

"Je confirme l'explosion à bord d'un bus de la sécurité présidentielle. C'est un attentat", a dit à l'AFP Moez Sinaoui, le porte-parole de la présidence de la République.

Une journaliste de l'AFP a pu voir un bus en partie calciné près de l'avenue Mohamed-V, à proximité d'un croisement qui a été bouclé. De nombreuses ambulances, les pompiers et les forces de l'ordre se trouvaient sur les lieux, où régnait une tension extrême. Plusieurs personnes étaient aussi en pleurs.

"La plupart des agents qui se trouvaient dans le bus sont morts", a déclaré une source de sécurité sur place. Le ministère de l'Intérieur n'était pas en mesure de préciser combien de personnes au total se trouvaient à bord du véhicule.

Un employé de banque du secteur a affirmé à l'AFP avoir entendu "une forte explosion" et "vu le bus en feu".

Le Premier ministre Habib Essid et le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli se sont rendus sur les lieux, selon un journaliste de l'AFP.

Le président Béji Caïd Essebsi a annulé une visite d'Etat prévue à partir de mercredi en Suisse et devait prendre la parole en soirée, a confirmé son porte-parole.

La sécurité a été renforcée sur l'avenue Habib Bourguiba, située à proximité du lieu de l'explosion, où se trouve notamment le ministère de l'Intérieur.

- 'Actes barbares' -

Ce nouvel attentat intervient en plein festival international de cinéma --les Journées cinématographiques de Carthage (JCC)-- dans le centre de la capitale.

Son directeur Ibrahim Letaïef a exprimé le souhait des organisateurs de poursuivre l'évènement mercredi. "C'est la seule manière de répondre à ces actes barbares", a-t-il dit à l'AFP.

La Tunisie fait face depuis sa révolution en janvier 2011 à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de militaires et de policiers.

Cette année, deux attentats revendiqués par le groupe Etat islamique (EI) ont tué 59 touristes étrangers et un policier au musée du Bardo à Tunis, en mars, et dans un hôtel près de Sousse en juin.

Le ministère de l'Intérieur annonce régulièrement des arrestations de jihadistes présumés. Sept femmes accusées de faire la propagande de l'EI ont ainsi été récemment arrêtées, tandis que les autorités ont annoncé avoir arrêté une vingtaine de personnes qui planifiaient, selon elles, des attaques contre des hôtels et des "bâtiments sécuritaires".

Il y a dix jours, un jeune berger a été décapité par des jihadistes sur le mont Mghilla, dans le centre-ouest de la Tunisie. Un groupe a revendiqué son meurtre au nom de l'EI, l'accusant d'avoir accepté de collaborer avec les forces de l'ordre pour les renseigner sur les mouvements des jihadistes dans les montagnes.

Les autorités ont elles assuré que le jeune berger n'avait "rien à voir" avec les forces et qu'il avait été tué pour avoir refusé de remettre ses bêtes aux jihadistes.

Une opération militaire a été lancée dans le Mont Mghilla à la suite de cet assassinat, entraînant la mort d'au moins un soldat et quatre jihadistes présumés, d'après les autorités.

La Tunisie compte des milliers de ressortissants combattant actuellement dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye.

Les autorités disent notamment pâtir de la situation en Libye voisine, où le chaos a permis l'émergence de l'EI. Elles ont entrepris la construction d'un mur frontalier d'environ 200 km, afin notamment de lutter contre la contrebande d'armes.

Ce contexte sécuritaire pèse lourdement sur l'économie de la jeune démocratie tunisienne, qui peine à redémarrer depuis la révolution.

Avec AFP