Lors d'une conférence de presse à Tunis, le chef du Front de salut national, Ahmed Nejib Chebbi, a affirmé avoir été convoqué par la justice avec trois autres membres de son bloc, Ridha Belhadj, Chaïma Issa et Jawhar Ben Mbarek, à la suite d'une plainte déposée par une autre opposante, Abir Moussi.
La plainte avait été déposée après que M. Chebbi a accusé Mme Moussi lors d'un discours le 25 décembre de chercher à réinstaurer en Tunisie une dictature sur le modèle de celle de Zine El Abidine ben Ali, renversé en 2011 lors de la première révolte de Printemps arabe.
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"En 24 heures et sans que la plainte ne soit examinée, une décision de nous poursuivre a été prise", a déclaré M. Chebbi, pour qui cet empressement judiciaire montre que "cette plainte est instrumentalisée par le pouvoir". "Il s'agit d'une mauvaise mise en scène judiciaire à laquelle nous ne prendrons pas part", a-t-il affirmé. "Je ne répondrai pas à cette convocation, et si j'y suis conduit de force, je garderai le silence".
"Tout Tunisien libre, ou ayant une opinion indépendante, ou faisant partie de l'opposition, est pour Kais Saied un criminel", a ajouté M. Chebbi, qui avait appelé le chef de l'Etat à démissionner après l'abstention massive enregistrée le 17 décembre au premier tour d'élections pour un Parlement sans véritables pouvoirs.
Par ailleurs, l'avocat Ayachi Hammami, qui défend des juges révoqués par M. Saied, a annoncé avoir été convoqué lui aussi par la justice dans le cadre d'une enquête pour diffusion de fausses rumeurs "dans le but de porter atteinte à la sûreté publique".
Selon l'avocat, sa convocation s'appuie sur un décret controversé promulgué en septembre par M. Saied et qui prévoit des peines de prison pour toute personne diffusant dans les médias ou sur les réseaux sociaux "de fausses informations ou des rumeurs mensongères".
Selon lui, cette convocation est liée à ses déclarations dans les médias fin décembre annonçant que le pôle judiciaire antiterroriste avait demandé à l'autorité de tutelle de la justice de lever l'immunité de 13 juges pour pouvoir les interroger en lien avec des présumés crimes "terroristes".
Trente-cinq ONG de défense des droits ont exprimé mardi dans un communiqué leur "solidarité absolue" avec M. Hammami face aux "accusations fabriquées" qui pèsent sur lui.