Installés dans un camp improvisé de tentes, sans toilettes ni eau pour se laver, ces ressortissants d'Afrique subsaharienne, cherchant pour la plupart à être évacués vers des pays tiers, étaient à cran après la suspension par le HCR de l'examen de leurs dossiers, selon des témoins.
Ils ont érigé des barricades devant le bâtiment onusien, avant une intervention musclée de la police. Des altercations ont aussi opposé quelques riverains à certains ressortissants subsahariens, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Famoussa Koita, un Malien détenteur du droit d'asile, a affirmé que certains de ces migrants se trouvaient en Tunisie "depuis plus de deux ou trois ans et n'ont toujours pas été appelés par le HCR" qui "a beaucoup de dossiers à traiter".
Sur sa page Facebook, le HCR en Tunisie a précisé le 3 avril avoir stoppé "toutes les activités d'enregistrement et de pré-enregistrement du 31 mars au 17 avril en raison d'une migration du système d'enregistrement et d'identité". Une suspension "temporaire" qui concerne "toutes les opérations du HCR dans le monde".
Le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, Faker Bouzghaya, a affirmé à l'AFP que la police était intervenue "à la demande du HCR" et que 80 migrants avaient été interpellés, dont 30 placés en garde à vue. Ils "bloquent le passage", les riverains ne "peuvent plus sortir de chez eux", a affirmé un habitant du quartier, Elyes Ben Zakour, selon lequel cette situation dure "depuis plus de 25 jours".
Après la dispersion des migrants, un journaliste de l'AFP a pu voir des vitres du bâtiment du HCR et des caméras de surveillance cassées ainsi que des équipes de la municipalité en train de démanteler les tentes et de jeter les affaires des migrants.
Dans une lettre ouverte, un groupe de demandeurs d'asile et migrants d'une quinzaine de pays subsahariens a expliqué qu'ils s'étaient "réfugiés" près du HCR après avoir "été chassés" de plusieurs villes de Tunisie, suite à un discours en février du président Kais Saied pourfendant l'immigration clandestine.
"La Tunisie n'est pas sûre et nous ne pouvons plus rester ici", ont-ils écrit, demandant à être "évacués immédiatement vers tout autre pays sûr qui nous accepte et nous respecte en tant qu'être humain".