"Nous ne sommes pas des criminels. Nous ne sommes pas des comploteurs. Nous ne sommes pas des traîtres. Nous sommes des politiciens, opposants au coup d'Etat du 25 juillet" 2021, a-t-elle dit. Le président Saïed, élu démocratiquement en octobre 2019, s'est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021 et a depuis fait réviser la Constitution, privant le Parlement de tout réel rôle.
Lire aussi : Deux proches de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali ont été écrouésMme Issa, 43 ans, membre du Front de salut national (FSN), avait été emprisonnée en février lors d'arrestations en série ayant touché aussi le co-fondateur du FSN, Jaouhar Ben Mbarek, et le président du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi.
Contrairement à ces deux derniers, toujours incarcérés, l'opposante a été libérée le 13 juillet en même temps que Lazhar Akremi, un ancien ministre, mais elle reste poursuivie en justice. L'avocat Samir Dilou, membre de son comité de défense, a critiqué sa comparution devant une instance militaire, "en vertu du fameux décret 54 qui punit les fausses informations". "C'est dangereux", a-t-il argué au micro de l'AFPTV.
L'opposante a simplement participé à une émission à la radio et se retrouve "poursuivie devant la justice militaire avec des accusations graves" d'atteinte au président et "d'incitation aux militaires à ne pas obéir aux ordres de leurs supérieurs", a protesté M. Dilou. Soutenue par quelques partisans auxquels elle a adressé le signe de la victoire, Mme Issa a critiqué le fait d'être "traduite devant le pôle antiterroriste de la justice militaire" et traitée comme "une dangereuse criminelle".
Depuis février, plus d'une vingtaine d'opposants, d'hommes d'affaires et d'autres personnalités qualifiés de "terroristes" par M. Saied, sont emprisonnés sous l'accusation de "complot contre la sécurité intérieure". Le 5 octobre, la police a arrêté l'opposante Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre, un mouvement nostalgique des régimes du héros de l'indépendance Habib Bourguiba et de son successeur Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 lors de la révolution qui a marqué le début du Printemps arabe.