"Le tribunal a condamné à deux ans de prison trois femmes qui ont été écrouées, ainsi qu'une autre, en fuite, à quatre ans de prison", a indiqué à l'AFP le porte-parole du tribunal de Jendouba (ouest), Alaeddine Aouadi, précisant que le procès a eu lieu mercredi et qu'elles sont privées de droit de vote pour dix ans.
Selon le porte-parole, ces femmes, qui collectaient des parrainages pour Karim Gharbi, alias K2Rhym, ont été accusées d'avoir "fourni de l'argent ou des cadeaux en nature" en échange de signatures d'électeurs.
Le dépôt officiel des candidatures a démarré lundi en Tunisie et se terminera mardi à 17H00 GMT.
Le parcours vers la présidentielle s'annonce, selon des experts, semé d'embûches pour les rivaux potentiels du président Kais Saied, élu démocratiquement en 2019 mais auteur d'un coup de force il y a trois ans et qui brigue un deuxième mandat.
Les critères d'acceptation sont draconiens: il faut le parrainage de dix parlementaires ou 40 présidents de collectivités locales - largement acquis à M. Saied - ou de 10.000 électeurs à raison d'au moins 500 signatures par circonscription, un nombre difficile à recueillir, d'après les experts.
Plusieurs candidats potentiels de premier plan, comme les chefs de partis Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, et la virulente opposante Abir Moussi, sont en prison en attente de jugements pour des accusations graves de complot contre le président Saied. Les deux premiers ont déjà jeté l'éponge.
Mercredi, trois collaborateurs de prétendants au poste présidentiel ont été écroués pour falsification de parrainages, dont deux travaillant pour le militant politique et propriétaire d'un site d'information Nizar Chaari. Le même jour, une dizaine de postulants potentiels dont M. Chaari, l'amiral à la retraite Kamel Akrout et Abdellatif Mekki, un ancien ministre, ont diffusé un communiqué pour dénoncer des entraves à leur liberté de se présenter.
Une trentaine d'organisations tunisiennes dont la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et l'Association des femmes démocrates, en pointe lors de la Révolution de 2011 ayant renversé le dictateur Ben Ali, se sont dites inquiètes jeudi de "menaces sur la crédibilité de la présidentielle".
Dans un communiqué, elles ont dénoncé des "arrestations arbitraires" de candidats, rappelant aussi l'emprisonnement depuis février 2023 de plus d'une vingtaine d'opposants ou voix critiques de M. Saied.
Les ONG ont dénoncé également l'autorité électorale Isie, ayant "perdu son indépendance", et "une monopolisation de l'espace public" avec "l'utilisation des institutions de l'Etat et ses ressources pour favoriser un candidat au détriment des autres".