L'Ukraine refuse de ratifier une convention du Conseil de l'Europe sur les discriminations

Un homme tient un drapeau lors de la première gay pride de l'Ukraine à Kiev, le 25 mai 2013.

L'Ukraine a refusé de ratifier une convention du Conseil de l'Europe sur la protection des femmes, de nombreux députés jugeant le texte "inacceptable" pour la société ukrainienne parce qu'il interdit les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle.

Après un débat houleux à l'Assemblée, il a été décidé, après vote, de renvoyer le texte en comité afin qu'il soit retravaillé, avant d'organiser un nouveau vote sur sa ratification.

"Dans ce projet de loi, il y a des choses qui sont inacceptables pour la société ukrainienne, qui sont inacceptables pour l'église ukrainienne", a déclaré Igor Mossiïtchouk, un député du parti radical.

La convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, datant de 2011, a pour but notamment de "protéger les femmes contre toutes les formes de violence" et de "contribuer à éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes".

"La mise en oeuvre des dispositions de la présente convention (...) doit être assurée sans discrimination aucune, fondée notamment sur (...) la race, la couleur, (...) l'orientation sexuelle", est-il ajouté.

C'est ce dernier point qui a largement divisé les députés d'Ukraine, où l'Eglise orthodoxe a une forte influence dans le centre, l'est et le sud du pays et l'Eglise gréco-catholique, dans l'ouest.

L'homosexualité, qui était punie par la loi à l'époque soviétique, y reste largement stigmatisée.

La troisième gay pride de l'histoire de l'Ukraine indépendante a rassemblé en juin près de 700 militants, qui ont défilé protégés par plusieurs milliers de policiers dans le centre de Kiev.

"Nous devons accepter de nombreuses valeurs européennes, mais certainement pas celles qui bafouent les fondements du christianisme", a déclaré Iouri Soloveï, un député du parti du président Petro Porochenko.

Ces déclarations ont provoqué l'indignation d'organisations de défense des droits des LGBT (lesbienne, gay, bi-sexuels et transsexuels).

"Il est interdit de battre une femme, mais si on la bat car elle est lesbienne ou bi-sexuelle alors c'est possible", a déploré Bogdan Globa, directeur exécutif de l'organisation "Point d'appui". "C'est un pas en arrière pour l'Ukraine. C'est aussi un signal fort envoyé à l'Europe, qui montre qu'en ce qui concerne les questions de lutte contre les discriminations, (...) nous ne partageons pas les valeurs de l'Union européenne", a-t-il ajouté.

Avec AFP