"La nature dépend de vous, laissez-la vivre, le monde entier vous remercie, avec la plus grande joie", chante ce troubadour haut en couleurs, sillonnant les villages sur pilotis bâtis sur les rives du Jurua, un affluent de l'Amazone.
Pour se rendre d'un village à l'autre, il faut parfois plusieurs jours de navigation.
Seul sur sa modeste embarcation en bois, "Eder l'accordéoniste", comme il se fait appeler, est impuissant face aux fléaux comme la déforestation ou l'orpaillage illégal. Mais il symbolise la résistance de ceux qui vivent au plus près de la nature et sont mis en lumière lors de la Journée internationale de la Terre nourricière le 22 avril.
"Dans mes chansons, je parle de la préservation de la nature. Je donne des conseils pour que tout le monde fasse comme moi: ne pas brûler la forêt, ne pas polluer l'eau, ne pas couper d'arbres. Il faut laisser les arbres, c'est eux qui vont sauver le monde", déclare-t-il à l'AFP.
Lire aussi : Amazonie: Des avions militaires s'activent en appui des pompiersCe métis au visage buriné et émacié habite à Boa Vista, localité qui fait partie de la réserve naturelle de Uacari, où les habitants vivent essentiellement de la pêche et de la cueillette.
"La terre est en train de devenir sèche à cause de la déforestation. Ça nous inquiète beaucoup parce que nous vivons dans la forêt", déplore-t-il.
"Parfois, on voit arriver des maladies que personne ne connaît et parfois les gens meurent sans qu'on en sache la cause", insiste l'accordéoniste.
Les peuples vivant aux confins de l'Amazonie sont particulièrement vulnérables face au nouveau coronavirus, qui a tué près de 200 personnes dans l'Etat d'Amazonas, où vit Eder.
"Ceux qui visitent l'Amazonie se rendent au paradis, ceux qui habitent l'Amazonie y sont déjà, si tu veux connaître la biodiversité, viens avec moi", fredonne le musicien, une lueur d'espoir dans les yeux quand il voit les jeunes villageois s'identifier aux paroles de ses chansons.
Lire aussi : Feux en Amazonie : Bolsonaro contre la "psychose environnementale" et les ONGLe déboisement et les incendies de forêt ont fortement augmenté depuis l'arrivée au pouvoir en janvier 2019 du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, dont la politique environnementale est vivement critiquée.
De nombreuses ONG l'accusent de vouloir livrer le "poumon de la planète" aux compagnies minières et à l'agro-négoce, tout en empiétant sur les territoires censés être réservés aux peuples autochtones.