Un an après l'assaut du Capitole, Biden s'adresse à une Amérique toujours à cran

Le dôme du Capitole des États-Unis est vu comme des drapeaux à la moitié du personnel en l'honneur du défunt sénateur américain John McCain à Washington, le 26 août 2018.

Un an après l'attaque du Capitole, le président américain Joe Biden s'apprête jeudi à peindre un sombre tableau: celui d'une démocratie américaine toujours menacée, en particulier par les assauts de son prédécesseur Donald Trump.

Le démocrate de 79 ans, qui a promis pendant sa campagne de se battre pour "l'âme de l'Amérique", s'exprimera à 14 heures GMT dans l'imposant "hall des statues" du Capitole, siège du Congrès américain, en compagnie de la vice-présidente Kamala Harris.

C'est dans ce même cadre solennel qu'il y a un an, les Etats-Unis et le monde, stupéfaits, ont vu parader des partisans de Donald Trump. Par milliers, ils ont pris d'assaut le vénérable bâtiment pour tenter d'empêcher les parlementaires de certifier la victoire à l'élection de Joe Biden.

L'actuel président n'a pas l'intention de mâcher ses mots: dans son discours, il voudra souligner "la responsabilité particulière du président Trump dans le chaos", a fait savoir mercredi sa porte-parole Jen Psaki.

Lire aussi : Assaut du Capitole: le "chaman" condamné à près de trois ans et demi de prison

Joe Biden "voit dans le 6 janvier le couronnement tragique de ce que quatre années de présidence Trump ont fait à ce pays", a-t-elle affirmé, rompant avec la ligne jusqu'ici plus précautionneuse de la Maison Blanche, qui évitait même de mentionner par son nom l'ancien président.

Côté républicain, la stratégie semble être de faire profil bas.

Le patron des conservateurs au Sénat, Mitch McConnell, se rendra ainsi à des obsèques dans le sud du pays, loin des commémorations à Washington.

Donald Trump lui-même a annulé la conférence de presse qu'il comptait donner depuis sa luxueuse retraite de Floride.

Le milliardaire républicain, qui ne recule d'habitude devant aucune outrance, a peut-être estimé que parler ce jour-là serait une provocation de trop?

Ou a-t-il reculé alors qu'une enquête parlementaire sur les instigateurs des violences du 6 janvier 2021 se rapproche toujours plus de son premier cercle?

"Notre grande nation vacille"

Mais l'ancien président n'a en rien modéré son verbe. Il a encore qualifié mardi de "crime du siècle" la fraude qui a, selon lui et sans qu'il n'en apporte la moindre preuve, entaché l'élection présidentielle de 2020.

Et cette théorie a fait son chemin, bien au-delà de la foule déchaînée du 6 janvier 2021. Un récent sondage du site d'informations Axios estime à seulement 55% le pourcentage d'Américains convaincus que le démocrate, qui a devancé Donald Trump de 7 millions de voix, a été élu à la régulière.

"Notre grande nation titube désormais au bord d'un précipice de plus en plus profond. Sans action immédiate, nous risquons sérieusement de connaître un affrontement civil et de perdre notre précieuse démocratie", s'alarme l'ancien président Jimmy Carter, devenu pour beaucoup d'Américains une autorité morale, dans une tribune publiée par le New York Times.

A cette nation profondément divisée, Joe Biden veut proposer une marche à suivre pour renforcer la démocratie américaine. Le président tente en particulier de relancer des textes de loi sur l'accès des minorités au droit de vote.

Joe Biden se rendra d'ailleurs mardi dans l'Etat du sud de Géorgie, emblématique des combats passés et présents pour les droits civiques, pour dénoncer "les tentatives perverses de dépouiller d'honnêtes citoyens de leurs libertés fondamentales", fait savoir la Maison Blanche.

Mais face à des Etats conservateurs du Sud qui multiplient les législations compliquant l'accès des Afro-Américains aux urnes, la marge de manoeuvre de Joe Biden est limitée.

Non seulement les démocrates ne contrôlent le Congrès que d'un cheveu, mais de plus le crédit politique du président, après bientôt un an à la Maison Blanche, a fondu.

La faute à une accumulation de facteurs: l'immense lassitude face à une nouvelle vague de la pandémie de Covid-19, une poussée d'inflation, et le souvenir d'un retrait d'Afghanistan chaotique.

Selon le site FiveThirtyEight, qui agrège des sondages, seulement un peu plus de 43% des Américains lui font actuellement confiance pour diriger la première puissance mondiale.