Cette thérapie (dihydroartémisinine/pipéraquine) ou ACT est efficace contre le paludisme mais n'avait pas jusqu'alors été testée chez des femmes attendant un enfant, expliquent les chercheurs dont l'étude clinique a été financée par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) et qui paraît dans la dernière livraison du New England Journal of Medicine.
L'ACT offre une alternative dans de nombreux endroits en Afrique où le parasite responsable du paludisme (Plasmodium falciparum) devient résistant au traitement standard (sulfadoxine-pyriméthamine).
La grossesse provoque un affaiblissement du système immunitaire, réduisant la résistance au parasite, ce qui accroît le risque de mortalité pour la mère et le foetus.
Mais même pour les femmes enceintes dont le système immunitaire reste fort, le parasite peut infecter le placenta, priver le foetus de nutriments et accroître les risques de poids trop faible du nouveau-né et de naissance prématurée.
Les auteurs de l'étude relèvent que le paludisme en Afrique subsaharienne provoque le décès de plus de 100.000 nourrissons annuellement, et la naissance de jusqu'à 20% des enfants avec un poids insuffisant.
"Les femmes enceintes vivant dans les zones où l'étude a été effectuée sont piquées en moyenne 310 fois par an par des moustiques porteurs du parasite du paludisme", relève le Dr Rohan Hazra, chef de la division maternelle et pédiatrique des maladies infectieuses à l'Institut National de la santé de l'enfant (NICHD).
"Cette combinaison d'antipaludéens parait offrir une défense complémentaire bienvenue contre les effets néfastes du parasite et une maladie menaçant la vie", ajoute-t-il.
Pour cet essai clinique les chercheurs ont recruté 300 femmes enceintes en Ouganda en 2014 toutes âgées d'au-moins 16 ans et dont la grossesse allait de 12 à 20 semaines.
Les participantes ont été divisées au hasard en trois groupes. Le premier a été traité par le cocktail d'ACT à 20, 28 et 30 semaines de grossesse. Le second groupe a reçu le même traitement mais une fois par mois. Enfin le groupe témoin a pris la thérapie standard à 20, 28 et 30 semaines de gestation.
Des analyses de sang régulières ont confirmé la présence du parasite du paludisme chez 50% des femmes traitées avec les antipaludéens standard. Seules 34,1% des femmes qui ont eu trois doses d'ACT avaient le placenta infecté par le paludisme, et 27,1% dans le groupe traité mensuellement avec ce cocktail.
Les risques de problèmes à la naissance (poids insuffisant de l'enfant, venue au monde prématurée, etc.) étaient aussi nettement réduits dans le groupe qui a pris de l'ACT tous les mois (9,2%), contre 21,3% dans celui traité avec seulement trois doses, et 18,6% dans le groupe témoin.
Les chercheurs concluent que l'ACT pris mensuellement offre la meilleure protection contre le paludisme et ses effets néfastes chez les femmes enceintes.
Avec AFP