Un député de l'opposition inculpé de sédition en Tanzanie

Le député tanzanien Zitto Kabwe lors d'une audience au parlement à Dar es Salaam, Tanzanie, sur une photo non datée.

Un député de l'opposition tanzanienne, arrêté mercredi, a été inculpé de sédition et remis en liberté sous caution vendredi par un tribunal de Dar es Salaam, ont rapporté les médias tanzaniens.

Virulent critique du régime du président John Magufuli, le député Zitto Kabwe, qui a plaidé non coupable, est poursuivi pour des propos tenus lors d'une conférence de presse dimanche dernier au cours de laquelle il affirmait qu'une centaine de personnes avaient été tuées lors de récents affrontements entre éleveurs et forces de l'ordre dans l'ouest du pays.

La police conteste ce bilan et fait état de quatre morts: deux policiers et deux éleveurs.

A sa sortie de l'audience, le député a appelé les Tanzaniens à la "solidarité", "pour sortir de la situation actuelle et revenir aux principes de la bonne gouvernance et de l'Etat de droit".

"Les députés de l'opposition ne peuvent plus faire leur travail car ils passent tout leur temps à répondre d'accusations inventées", a-t-il ajouté.

M. Kabwe est la principale figure de l'Alliance pour le Changement et la Transparence (Alliance for Change and Transparency, ACT) dont il est le seul élu à l'Assemblée nationale.

Lors d'une conférence de presse distincte, le député Godbless Lema, l'un des porte-parole du principal parti de l'opposition, Chadema, a appelé à une réunion urgente de tous les parlementaires de l'opposition.

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"Nous ne pouvons pas continuer comme ça, trop c'est trop. Nous ne pouvons pas accepter de nous taire alors que des gens sont tués", a déclaré le député.

"Nous devons parvenir à un consensus pour le respect de la Constitution, des principes démocratiques et de la liberté d’expression", a ajouté l'élu.

Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption.

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Mais son style intransigeant et abrupt lui vaut d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite dans le pays.

Avec AFP