L'enquête a conduit vers un garçon "radicalisé" qui "a pu être incité ou se voir ordonner à distance" par un membre de l'organisation Etat islamique (EI) de commettre un attentat à Ludwigshafen (sud-ouest), après avoir envisagé cet été de rejoindre le groupe jihadiste en Syrie, rapporte vendredi le magazine allemand Focus, citant une source judiciaire.
Le parquet général de Frankenthal, saisi à l'origine, a confirmé l'implication de l'enfant, né à Ludwigshafen. Interrogé sur son éventuel mobile islamiste, il a évoqué "des indications" justifiant la saisine du parquet fédéral de Karlsruhe (sud-ouest), compétent en matière de terrorisme.
"Je peux confirmer que nous avons ouvert une enquête après la découverte d'une bombe à clous à Ludwigshafen", a déclaré un porte-parole du parquet fédéral, Stefan Biehl, sans donner plus de détails.
Qu'un suspect aussi jeune ait pu concevoir un tel projet a choqué jusqu'au gouvernement. "Naturellement c'est une information qui a de quoi effrayer chacun", a commenté Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, appelant à "laisser l'enquête se poursuivre".
La CSU, allié bavarois des chrétiens-démocrates de Mme Merkel qui n'a eu de cesse ces derniers mois de réclamer des mesures fortes face au risque jihadiste, est aussi revenue à la charge.
Il s'agit d'une "radicalisation éclair", a commenté sur la chaîne d'information n-tv le député Stephan Mayer. "Ce phénomène (des jeunes radicalisés) s'amplifie chez nous, c'est une situation dangereuse".
"Cela montre que nous devons avoir plus à l'oeil la question de l'islam politique", a-t-il ajouté, estimant que "l'islam politique est une perversion d'une religion".
Selon le parquet de Frankenthal, l'enfant aurait tenté en vain à deux reprises -- les 26 novembre et 5 décembre --, d'activer le même engin de fabrication artisanale, d'abord sur un marché de Noël, puis sur la place de la mairie.
D'après Focus, un passant a retrouvé le 5 décembre dans un buisson proche de la mairie un sac à dos contenant un bocal rempli de poudre, surmonté d'une mèche et bardé de clous.
"Un échantillon a été prélevé et il était inflammable", a confirmé auprès de l'AFP le procureur général de Frankenthal, Hubert Ströber.
Selon lui, "le terme de +bombe+ est exagéré" mais les enquêteurs ne savent pas encore comment le mélange "était susceptible de se comporter" dans son récipient en verre.
L'enfant, trop jeune pour être poursuivi pénalement, a été confié aux services sociaux, d'après la même source.
"Il est dans un lieu sûr et ne présente pas de danger", a indiqué lors d'une conférence de presse la maire de Ludwigshafen, Eva Lohse.
Cette affaire survient quelques mois après celle de l'adolescente germano-marocaine de 15 ans qui avait poignardé au cou un policier dans la gare de Hanovre, le 26 février. L'agression n'a jamais été revendiquée mais selon l'accusation, l'adolescente, jugée depuis octobre à Celle (nord), a agi "sur ordre" de l'EI.
L'Allemagne a été jusqu'ici épargnée par des attaques jihadistes d'ampleur, mais plusieurs attentats islamistes ont été récemment commis par des personnes isolées.
L'EI a ainsi revendiqué en juillet un attentat commis par un Syrien de 27 ans, débouté de sa demande d'asile, qui a fait 15 blessés, et une attaque à la hache perpétrée aussi par un demandeur d'asile, probablement afghan, de 17 ans, qui a fait cinq blessés.
En octobre, un Syrien s'est donné la mort en prison après avoir été arrêté alors que selon les enquêteurs il se préparait à commettre un attentat contre un aéroport de Berlin.
Avec AFP