Pour de nombreux Sénégalais, une korité loin des leurs

Les mosquées ont refusé du monde à cause de l’affluence inhabituelle occasionnée par l’interdiction de voyager, à Dakar, le 24 mai 2020. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Cette année, nombreux sont les Sénégalais qui ont célébré la fin du Ramadan dans la solitude, car les autorités ont interdit les voyages d'une ville à l'autre.

Pour les Sénégalais originaires de l'intérieur du pays, la fête de korité célébrée ce week-end a été marquée par l'impossibilité de rentrer au bercail. Le ministre de l'Intérieur avait décidé de maintenir l'interdiction des voyages interurbains pour éviter une nouvelle vague de contaminations du coronavirus.

Résidant à Dakar pour des raisons professionnelles, Bass n'a pas pu parcourir la centaine de kilomètres qui sépare la capitale de son Thiadiaye natal pour fêter l'Eïd en famille. Une situation qui le désole.

"Vivre ça ici est difficile car tu travailles pour économiser", peste-t-il avant d'indiquer qu'il a tout fait pour "rentrer au village"... en vain. Pour lui, c'est "difficile, triste et désolant" parce qu'il a travaillé dur pour satisfaire sa famille sans pouvoir passer la fête avec eux. "Tout ce que j'ai, je l'ai envoyé à ma famille et là je suis seul ici" conclut-il, amer.

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Pour d'autres, la solitude n'est pas synonyme de tristesse d'autant plus que cette situation est un cas de force majeure. Pour Ablaye Camara, rester à Dakar pour fêter la korité ne pose pas de souci particulier, vu que c'est à cause de la "pandémie qui gagne le monde actuellement". Pour lui, rester à Dakar pour "ne pas augmenter les cas ne pose pas de problème".

Faire de mauvaise fortune bon cœur, c'est l'attitude adoptée par Ameth Mbaye. Pour lui, ne pas passer l'Eïd en famille est devenu une habitude à cause de son statut de policier. Souvent réquisitionné lors des grands événements, il a fini par s'y habituer.

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Les croyants se rassemblent pour les prières de l'Aïd à Dakar

"Pour dire vrai ça ne me fait rien parce que mon métier ne me permet pas de célébrer certaines fêtes chez moi", affirme-t-il avant d'ajouter que l'ambiance familiale lui manque. De toutes les façons, ajoute-t-il, "vu les circonstances du moment, mieux vaut rester là avec cette maladie". Il a donc passé la fête loin de la famille avec des amis.

Alors que le Sénégal compte plus de 3.000 cas positifs et une trentaine de décès liés à la maladie covid-19, les autorités ont laissé entrevoir un assouplissement des interdictions sur le transport interurbain avant de se raviser. La hausse constante des cas de transmission communautaire a poussé l'État à maintenir les restrictions pour éviter une flambée des cas positifs dans les régions éloignées.