L'annonce de la mort du lutteur âgé de 22 ans, qui a eu lieu le 4 novembre, intervient une semaine après celle d'une jeune footballeuse de l'équipe nationale des moins de 17 ans, Fatim Jawara, dans les mêmes circonstances.
L'entraineur de "Mille francs", Pateh Nying, qui a annoncé sa mort, a précisé à l'AFP que la fédération nationale de lutte, un sport traditionnel très populaire comme au Sénégal voisin, ne cessait de demander aux jeunes de réfléchir à deux fois avant de tenter la périlleuse et souvent mortelle traversée de la Méditerranée.
Selon son entraineur, le jeune lutteur était parti en Libye en 2014 pour tenter sa chance, comme beaucoup d'Africains aux revenus quasi inexistants dans leur pays. Mais nombre de migrants se retrouvent souvent et longtemps bloqués en Libye, et y travaillent avant de tenter la traversée vers l'Europe.
"Son projet était de traverser en bateau vers l'Italie", explique l'entraineur.
"L'un des survivants du naufrage a appelé son frère pour l'informer. Il lui a dit que seuls 10 passagers du bateau ont survécu au naufrage dû aux fortes vagues".
"Mille Francs" avait commencé sa carrière de lutteur en 2002, dans le club Serrekunda Gome Saboppa, en périphérie de Banjul.
"Il était un des lutteurs les plus disciplinés du pays, et il aimait vraiment ce sport", a déclaré à l'AFP un porte parole de la fédération gambienne de lutte, Matarr Saine, selon lequel plusieurs des meilleurs lutteurs gambiens se sont installés en Europe après y être arrivés en bateau depuis la Libye.
"Nous décourageons les jeunes, spécialement les lutteurs d'embarquer pour un voyage dangereux. Ces sportifs, hommes et femmes, risquent leur vie au lieu de contribuer positivement au développement national", a-t- il ajouté.
"Nous sommes désespérés. C'est une grosse perte pour l'équipe nationale et le pays", avait affirmé à l'AFP le 2 novembre le président de la Fédération gambienne de football, Lamin Kabba, après l'annonce de la noyade de la jeune footballeuse Fatim Jawara.
Les Gambiens occupent la quatrième place dans les arrivées en Italie, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), en dépit de la faible population de ce pays, (environ 1,8 million d'habitants), l'un des plus petits d'Afrique.
Le président gambien Yahya Jammeh avait en mai 2015 imputé aux familles de migrants qui envoient leurs enfants tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée pour atteindre l'Europe la responsabilité de la mort de nombre d'entre eux dans les récents naufrages.
Mais en Gambie, 60% de la population vit dans "une pauvreté multiforme" dont le tiers avec moins de 1,25 dollar par jour, selon un rapport de l'ONU sur le développement humain publié en 2013.
Plus de 3.300 personnes sont mortes cette année en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe, selon l'OIM.
Avec AFP