Dans un rapport, l'organisation britannique Save the Children a mis en garde contre "une famine d'ampleur sans précédent" dans ce pays qui connaît la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.
Le gouvernement yéménite, soutenu par l'Arabie saoudite, combat les rebelles Houthis, appuyés par l'Iran, dans une guerre qui a déjà entraîné la mort de 2.200 enfants, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).
Save the Children a estimé qu'un million d'enfants supplémentaires risquaient de souffrir de la famine alors que les prix des denrées alimentaires augmentent, portant à 5,2 millions le nombre total d'enfants menacés par la famine dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
"Dans un hôpital que j'ai visité dans le nord du Yémen, les bébés étaient trop faibles pour pleurer, leur corps épuisé par la faim", a déclaré Helle Thorning-Schmidt, directrice générale de Save the Children.
Dans un hôpital de la province de Hajjah (nord), un photographe de l'AFP a assisté à la pesée d'un enfant n'ayant plus que la peau sur les os. Plus loin, une infirmière tentait de réconforter un autre enfant rachitique, allongé sur un lit.
La reprise lundi d'une offensive des forces progouvernementales sur le port stratégique de Hodeida --principal point d'entrée des importations et de l'aide internationale-- met en péril l'accès à l'aide humanitaire et a déjà un impact économique sur les civils, notent des experts.
"Le temps commence à manquer" pour empêcher "une famine dévastatrice" au Yémen et "nous ne pouvons permettre la moindre perturbation" dans la distribution de l'aide, a averti mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM).
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David Miliband, qui a achevé mercredi une visite de trois jours au Yémen en tant que président de l'International Rescue Committee (IRC), a qualifié de "très fragile" la situation humanitaire.
"Je suis venu ici pour que le monde se réveille par rapport à ce qui se passe au Yémen", a dit l'ex-responsable de la diplomatie britannique, en dénonçant une "catastrophe provoquée par l'homme".
Maintenant, il ne s'agit pas seulement d'assurer un meilleur flux de vivres et un accès sans entrave pour les travailleurs humanitaires, la situation exige aussi "un cessez-le-feu pour permettre la reprise du processus politique", a-t-il ajouté.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), le prix des denrées alimentaires a augmenté de 68% depuis 2015, date à laquelle une coalition sous commandement saoudien est entrée en guerre aux côtés du gouvernement pour combattre les Houthis qui contrôlent de vastes territoires, dont la capitale Sanaa et le port de Hodeida.
Selon l'Ocha, le coût d'un panier alimentaire de produits de base a augmenté de 35%, tandis que les prix de l'essence, du diesel et du combustible pour la cuisine ont augmenté de plus de 25% depuis novembre 2017.
Dès octobre dernier, le PAM avait averti qu'au-delà des combats et des raids aériens, l'accès à la nourriture était désormais "une arme de guerre" au Yémen.
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L'interruption de l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires par le biais du port de Hodeida, sur la mer Rouge, "mettrait la vie de centaines de milliers d'enfants en danger immédiat, tout en poussant des millions d'autres vers la famine", a réaffirmé Save the Children.
Des affrontements meurtriers ont repris autour de la ville portuaire, après l'échec de pourparlers plus tôt ce mois-ci à Genève.
Les Nations unies ont averti que tout combat majeur dans la ville de Hodeida pourrait mettre un terme aux distributions de nourriture à huit millions de Yéménites qui en dépendent pour leur survie.
Sur 20 enfants de moins de cinq ans, au moins un souffre de malnutrition aiguë sévère à Hodeida, selon l'Unicef. Plus de 11 millions d'enfants, soit 80% des enfants du pays, ont "un besoin désespéré d'assistance humanitaire", d'après la même source.
L'Arabie saoudite et ses alliés accusent les rebelles de faire transiter clandestinement des armes venues d'Iran par Hodeida et ont imposé un blocus quasi-total au port. Les Houthis et l'Iran nient ces accusations.
Depuis mars 2015, quelque 10.000 personnes ont été tuées, en majorité des civils, et plus de 56.000 blessés dans le conflit. Selon l'ONU, trois Yéménites sur quatre ont aujourd'hui besoin d'aide, notamment alimentaire, et le pays est menacé par une troisième vague de choléra.
Avec AFP