Un prix d'or pour les droits télé de la Bundesliga ?

L’attaquant Rafinha de Munich, à droite, et André Hahn de Gladbach se battent pour récupérer un ballon lors du match de la Bundesliga entre le Bayern Munich et le Borussia Moenchengladbach au stade Allian, à Munich, Allemagne, 30 avril 2016.

Jusqu'à 1,5 milliard d'euros par an pour les droits télévisés de la Bundesliga ? La Ligue allemande de football espère annoncer jeudi une hausse conséquente des revenus du championnat pour réduire son retard inquiétant avec l'Angleterre notamment.

A la veille du lancement de l'Euro-2016, la DFL tiendra une conférence de presse à Francfort en début d'après-midi sur l'attribution des droits pour la diffusion télévisée des matchs de première et deuxième divisions pour quatre saisons, de 2017/2018 à 2020/2021.

Objectif : 1 à 1,5 milliard d'euros de recettes par saison, contre 817 millions (y compris les droits à l'étranger) pour la saison écoulée, à répartir entre les dix-huit clubs de première division et les dix-huit de la deuxième.

"Le but est de continuer à rendre la Bundesliga plus forte, sportivement, économiquement, et pour les fans dans les stades et les millions de personnes devant leur écran", a résumé Christian Seifert, le patron de la DFL.

Les droits du direct des matchs et des conférences de presse du champion en titre Bayern Munich, du Borussia Dortmund et des autres ont été séparés en huit lots. Sur certains, seules les chaînes payantes peuvent être candidates, sur un autre seules les chaînes gratuites, et sur trois lots chaînes payantes ou gratuites peuvent être en concurrence.

Jusqu'à présent, c'était le groupe de télévision payante Sky qui, à l'exception d'une poignée de rencontres, détenait l'exclusivité du direct.

Mais son slogan, "tous les matchs, tous les buts", va prendre du plomb dans l'aile après cette nouvelle attribution, car tous les droits du direct pour la télé, le web et les supports mobiles ne pourront pas être attribués à un seul.

Retenir les joueurs

Cette règle du "no single buyer" a été exigée par les autorités de la concurrence allemande.

"Les expériences d'autres pays, par exemple l'Angleterre, montrent qu'un tel modèle (avec plusieurs diffuseurs) ne signifie généralement pas que les consommateurs aient besoin de plus d'un abonnement pour être en mesure de voir tous les matchs", a expliqué Andreas Mundt, le président de l'Office anti-cartel, pointant à l'inverse le "risque" d'entrave à l'innovation quand il n'y a qu'un seul détenteur des droits.

Répartir les droits télé, sa principale source de revenus, entre plusieurs diffuseurs devrait surtout permettre à la DFL de faire grimper la facture et donc les rentrées d'argent pour le football professionnel allemand. Un élément crucial quand il s'agit de retenir ou d'attirer les meilleurs joueurs.

Alléchés par des contrats juteux, plusieurs grands joueurs du championnat allemand sont partis récemment pour des clubs anglais, de l'ancien milieu de terrain de Wolfsburg, Kevin De Bruyne, recruté par Manchester City, au capitaine de la Mannschaft, Bastian Schweinsteiger, qui a quitté le Bayern pour Manchester United.

L'ancien entraîneur de Dortmund, Jürgen Klopp, a lui signé à Liverpool, tandis que l'Espagnol Pep Guardiola a délaissé Munich pour Manchester City.

Outre cette richissime Premier League, avec ses 2,3 milliards d'euros annuels de droits télé, les autres grands championnats européens, notamment en Italie et en Espagne, font aussi de l'ombre à la Bundesliga.

Face à Sky: Deutsche Telekom ou Amazon?

"Les sommes pour les transferts vont continuer à grimper. Et en premier les salaires, ce qui va devenir un plus gros problème pour la Bundesliga", expliquait récemment le patron du Bayern Munich, Karl-Heinz Rummenigge, au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

"Aujourd'hui, les joueurs savent très exactement ce qu'on gagne en Espagne et en Italie, et malheureusement, surtout en Angleterre", a-t-il ajouté, espérant une hausse des rentrées d'argent en Allemagne, "ce qui aiderait toute la Ligue".

Tout le processus de négociations et les offres déposées sont restés secrets.

Outre Sky, les spéculations vont bon train sur les possibles candidats : RTL n'a pas caché son intérêt, mais aussi la chaîne publique ARD, Axel Springer (Bild), Sport1 (Constantin Medien), Eurosport (Discovery). Et des acteurs inédits pourraient aussi s'inviter, comme Deutsche Telekom ou Amazon.

Pour les fans de foot, la bonne nouvelle est que davantage de matchs devraient être visibles gratuitement. Au prix, sans doute, de davantage de coupures de pub.

Avec AFP