L'ICG préconise, non pas un arrêt des opérations contre le groupe du prédicateur radical peul Amadou Koufa, apparu en 2015 dans cette région, mais "un changement de cap", combinant pression militaire, dialogue et désarmement pour amener ses chefs à la table des négociations.
De précédents contacts, engagés par la société civile, des organisations humanitaires ou des religieux musulmans "ont révélé un certain degré de pragmatisme" au sein du groupe de Koufa, selon le rapport.
L'ICG suggère donc aux autorités maliennes de "mandater des chefs religieux" pour tenter d'entrer en communication avec les dirigeants du groupe, tout en recherchant "un dialogue plus large avec les Maliens du centre, y compris ceux favorables à la rébellion".
L'idée même de discuter avec les djihadistes risque de se heurter à de nombreux obstacles, comme le rejet de certaines élites maliennes et des puissances étrangères présentes militairement, comme la France, au nom du caractère laïc de l'Etat ou pour ne pas légitimer un groupe "ayant du sang sur les mains", reconnaît-il.
Afin de réduire les oppositions à cette initiative proposée, dont le succès n'est en rien garanti, les auteurs du rapport proposent notamment de poser comme condition à tout accord avec ce groupe sa renonciation à ses connexions avec des organisations djihadistes transnationales, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
La conférence d'entente nationale organisée en 2017 au Mali avait notamment appelé à l'ouverture de négociations avec le chef radical touareg malien Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Mais cette résolution avait été rejetée par les gouvernements malien et français.
Amadou Koufa a rejoint dès sa création en mars 2017 le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, dirigée par Iyad Ag Ghaly.
Depuis l'apparition du groupe de Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient dans le centre du Mali entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".
Ces violences ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a annoncé le 16 mai avoir recensé "au moins 488 morts" depuis janvier 2018 dans des attaques de "chasseurs traditionnels contre des membres civils de la population peule" dans les régions de Mopti et Ségou (centre).
Dans le même temps, les groupes armés peuls ont "causé 63 morts" parmi les civils de la région de Mopti, selon la Minusma.
Avec AFP