"Je vous condamne à deux ans de prison", a déclaré le juge Innocent Nebi au tribunal de Nsanje (sud-est) devant l'accusé, Eric Aniva, qui avait confessé, dans un entretien à la BBC, avoir eu des rapports sexuels contre paiement dans le cadre d'une pratique traditionnelle controversée.
"Une telle pratique n'a aucunement sa place au Malawi", a insisté le juge devant une salle d'audience archicomble.
Devant le tollé provoqué par les révélations d'Eric Aniva, le président malawite Peter Mutharika avait ordonné son interpellation en juillet.
Selon une coutume locale pratiquée dans le sud du Malawi, des parents d'adolescentes embauchent un homme, surnommé "la hyène", pour déflorer les jeunes filles après les premières règles.
Basé sur des croyances et superstitions, ce "rituel", peu courant selon de nombreux Malawites, est censé, paradoxalement, les protéger des maladies ou d'autres malheurs risquant de porter préjudice à leur famille ou leur village.
Selon les mêmes croyances, la "hyène" est aussi payée pour avoir des relations sexuelles avec des veuves récemment endeuillées, afin d'exorciser le mal et prévenir tout autre décès.
Aucune des jeunes adolescentes n'a témoigné lors du procès. La condamnation d'Eric Aniva à deux ans de prison porte donc uniquement sur les "pratiques nuisibles" infligées à des veuves.
Et aucun mot de condamnation sur la pratique sexuelle en question exercée sur des filles mineures.
Avec AFP