Un train serbe provoque une flambée de tension entre Belgrade et Pristina

Un train décoré sur lequel est inscrit «Le Kosovo serbe» écrit en vingt langues, part de la gare de Belgrade à Mitrovica, Kosovo, en Serbie, 14 janvier 2017.

Un train, décoré aux couleurs du drapeau serbe et portant l'inscription "le Kosovo est la Serbie", parti samedi de Belgrade vers le Kosovo, a finalement été stoppé sur décision du Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, en raison des tensions suscitées par le convoi.

Le convoi était attendu côté kosovar par plusieurs dizaines de membres d'une unité spéciale de la police. Il s'est arrêté avant la frontière, à Raska (sud-ouest de la Serbie), dernière localité en territoire serbe.

"J'ai décidé d'arrêter le train à Raska pour éviter un conflit et préserver les vies", a déclaré le Premier ministre serbe lors d'un point de presse à Belgrade.

Le responsable serbe a accusé Pristina d'avoir dépêché des unités de police dans le nord du territoire avec pour but de "provoquer un conflit de large envergure".

"La Serbie souhaite la paix (...), mais je demande aux Albanais du Kosovo de ne pas essayer d'attaquer avec des armes les Serbes au Kosovo car la Serbie ne le permettra pas", a ajouté M. Vucic.

Le convoi était parti de la gare centrale de Belgrade samedi matin.

Cette tentative de Belgrade de remettre en fonctions, 18 ans après le conflit au Kosovo 1998-99, la ligne reliant la capitale serbe à Kosovska Mitrovica (nord du Kosovo) s'est heurtée à une ferme opposition de Pristina qui a vu dans cet acte une "sérieuse provocation".

La colère de Pristina s'explique par le fait que ce train, censé selon Belgrade répondre aux besoins des habitants du nord du Kosovo, où les Serbes sont majoritaires, était peint aux couleurs du drapeau serbe et décoré à l'intérieur de répliques d'icônes des monastères orthodoxes serbes du Kosovo.

Le président kosovar Hashim Thaçi avait appelé samedi "les responsables à entreprendre les mesures nécessaires pour arrêter ce train qui menace la souveraineté du Kosovo".

Cet incident intervient de plus dans un contexte de très grande tension entre la Serbie et le Kosovo, inégalée depuis la signature en 2013, sous la houlette de l'UE, d'un accord historique de normalisation de leurs relations.

Cette tension s'explique par la récente arrestation en France de l'ancien chef rebelle et Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj, sur demande de Belgrade qui veut le juger pour crimes de guerre.

Ultime conflit ayant déchiré l'ex-Yougoslavie, la guerre au Kosovo (1998-1999) a fait 13.000 morts. Elle a conduit à la sécession puis à l'indépendance du Kosovo, peuplé majoritairement d'Albanais mais que la Serbie considère comme son berceau historique. Avec le soutien de la Russie, Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance proclamée par Pristina en 2008. Plus de 100 pays l'ont fait, dont les Etats-Unis et la majorité des pays membres de l'UE.

Avec AFP