Au nom des 110 autres ex-combattants de Boko Haram, Moustapha Mamadou, la trentaine, jure sur le coran de ne "jamais prendre part a des actes terroristes sous toutes leurs formes, comme auteurs, co-auteurs ou complices, travailler sans relâche à la promotion de la paix et de l'unité au sein de nos communautés et respecter les lois et règlements de la République".
Lire aussi : Réintegration d'anciens combattants Boko Haram
Pendant qu'il lit le texte, les autres se tiennent les mains et répètent avec lui devant un parterre d'autorités dont le ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum dans l'enceinte du centre de réinsertion socio-économique hautement sécurisé de Goudoumaria, à environ 200 kilomètres de Diffa.
"Nous sommes devant le résultat d'un long processus de déradicalisation et de réhabilitation de 110 personnes prêtes à reprendre leur place dans leurs communautés respectives pour mener une vie normale", a déclaré le ministre.
Lire aussi : Quatre militaires tués par Boko Haram dans l'Ouest
Selon M.Bazoum, les anciens insurgés ont été "évalués sur le plan psycho-social et dans leurs domaines de formation professionnelle par des spécialistes pour s'assurer qu'ils ont les profils adéquats" pour vivre dans leurs futures communautés d'accueil.
Après le profilage fait par le service central de lutte contre le terrorisme et le triage effectué par la justice, les ex-combattants de Boko Haram sont soumis d'abord à une "formation religieuse" de six mois avec des prêches sur "la pratique de l'islam modéré". Ils suivent ensuite des formations professionnelles pour les adolescents. Les mineurs, eux, sont remis au ministère de la Justice pour être transférer dans un centre de transit opérationnel à Niamey.
Parmi les 109 ex-combattants sortis du centre, huit sont des femmes et 47 de nationalité nigériane.
Lire aussi : 14 personnes enlevées, dont 2 humanitaires, dans le nord-est
Des certificats de sortie et des kits pour démarrer une activité génératrice de revenus en fonction de la formation suivie ont et été remis aux jeunes. Ils seront acheminés dans leur localité d'origine à partir 9 décembre. Reste la question de leur accueil sur place. Le gouverneur de Diffa, Issa Lemine, rassure : "je pense que ça va marcher".
Il n'y aura pas de stigmatisation et des dispositions seront prises à ce niveau, a-t-il promis. "Nous avons déjà fait des réunions avec tous les responsables administratifs et coutumiers de la région pour que ces jeunes ne puissent pas souffrir de leur passé", a expliqué le gouverneur Lemine.
En 2016, lorsque le gouvernement nigérien a décidé de tendre la main aux éléments du groupe Boko Haram pour une reddition volontaire, les réponses étaient timides.
Aujourd'hui, le centre dans lequel ils sont accueillis et pris en charge par l'Etat et ses partenaires compte plus de deux anciens éléments de Boko Haram.