Une figure de l'opposition malienne convoquée par la junte après des critiques

Oumar Mariko (C) quitte le stade après un meeting le 31 mars 2012 à Bamako.

Les autorités du Mali ont convoqué Oumar Mariko après que cette personnalité de l'opposition a critiqué la junte au pouvoir et suggéré que l'armée était en train d'"assassiner des gens", a-t-on appris auprès de ses proches.

Un membre de la famille de l'homme politique et un responsable de la sécurité ont déclaré à l'AFP lundi qu'il avait reçu une convocation pour se présenter à la gendarmerie mardi matin.

Le parti de M. Mariko, le SADI (gauche), a par ailleurs affirmé dans un communiqué que des hommes armés étaient allés à son domicile dimanche et, ne l'y ayant pas trouvé, "ils ont encerclé son domicile et attendent son arrivée pour procéder à son enlèvement".

La formation politique a dénoncé "les intimidations et les menaces du pouvoir" et a assuré prendre "l'opinion nationale et internationale à témoins sur les dérives autocratiques du régime de la transition".

Lors d'une réunion publique, Oumar Mariko a laissé entendre que l'armée était venue "assassiner des gens" à Moura, dans le centre du pays.

De possibles "exactions" de soldats maliens et de mercenaires russes

Selon une vidéo d'un extrait de ce discours, consultée par l'AFP, M. Mariko a listé plusieurs tueries récentes au Mali et les a jugées "inacceptables", y compris celle survenue la semaine dernière à Moura. "Lorsqu'un peuple ne se sent pas libre chez soi, quand un peuple ne se sent pas maître de son destin, une révolution est à faire", a encore lancé M. Mariko.

L'armée malienne a annoncé vendredi avoir tué "203 combattants" de "groupes armés terroristes" lors d'une opération dans une zone sahélienne menée du 23 au 31 mars. Cette annonce a été suivie d'une vague de condamnations, de la France aux Etats-Unis en passant par les Nations unies, sur de possibles "exactions" de soldats maliens et de mercenaires russes.

Le Mali, pays pauvre de 21 millions d'habitants, est gouverné par une junte depuis un coup d'Etat militaire en août 2020. La junte a promis de rétablir un régime civil après le putsch mais elle est sous le coup de sanctions de la Cédéao, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest, pour avoir ignoré un engagement antérieur d'organiser des élections en février cette année.

Des pans entiers du Mali échappent au contrôle du gouvernement sous la pression de groupes jihadistes depuis 2012, entraînant un conflit qui s'est depuis étendu au Burkina Faso et au Niger voisins.