Une force appuyée par Washington entre dans le fief du groupe Etat islamique en Syrie

Les forces de la SDF entre dans le nord de Raqa, le 16 décembre 2015.

Des combattants arabes et kurdes syriens soutenus par les Etats-Unis sont entrés mardi dans la ville de Raqa, au début de l'assaut final lancé pour prendre au groupe jihadiste Etat islamique (EI) son principal bastion en Syrie.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont annoncé le matin le début de l'assaut contre la ville même de Raqa, sept mois après avoir lancé une offensive d'envergure qui leur a permis de s'emparer progressivement de vastes régions autour de la cité et de l'encercler.

"Nous déclarons aujourd'hui le début de la grande bataille pour libérer Raqa, la capitale du terrorisme", a déclaré le porte-parole des FDS, Talal Sello, à des journalistes dans le village de Hazima, au nord de Raqa, ville aux mains de l'EI depuis 2014.

Juste après, une commandante des FDS et une ONG ont fait état de l'entrée des FDS dans Raqa à partir de l'est.

"Nos forces sont entrées dans le quartier de Mechleb", a déclaré à l'AFP la commandante Rojda Felat. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé qu'elles ont pris plusieurs bâtiments dans ce secteur.

Selon Mme Felat, des combats violents font également rage à la périphérie nord de Raqa, ville du nord-est de la Syrie en guerre.

Les FDS attaque Raqa depuis le nord, l'ouest et l'est, a indiqué pour sa part M. Sello. "Avec les avions de la coalition internationale et les armes de pointe qu'ils nous ont fournies, nous prendrons Raqa" à l'EI.

'Longue et difficile'

Mais le général américain Steve Townsend, qui commande les forces de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, a averti dans un communiqué que la bataille serait "longue et difficile".

Néanmoins elle "assénera un coup décisif" au "califat de l'EI", a-t-il dit en allusion au "califat" autoproclamé par l'EI en 2014 sur les territoires conquis en Syrie et en Irak voisin, dont une grande partie lui a été reprise.

L'EI est notamment en passe de perdre en outre Mossoul, son dernier grand fief urbain en Irak.

En préparation de l'assaut sur Raqa, "la coalition a mené des raids aériens toute la nuit", selon l'OSDH.

M. Sello a demandé aux civils dans la ville de s'éloigner des positions de l'EI et des zones de front.

La coalition fournit aux FDS des armes, un appui aérien et les assiste au sol avec des conseillers.

Raqa est peuplée d'environ 300.000 habitants, y compris quelque 80.000 déplacés ayant fui d'autres régions de la Syrie depuis la guerre. Les forces antijihadistes accusent l'EI de se servir des civils comme "boucliers humains" et de se cacher au milieu de la population.

Les risques restent grands en outre pour les civils qui cherchent à la fuir.

Risques pour les civils

Selon l'OSDH, une frappe aérienne de la coalition internationale a fait 21 morts parmi des civils qui tentaient lundi de fuir Raqa.

"Les civils embarquaient dans de petits bateaux sur la rive nord de l'Euphrate pour fuir les faubourgs du sud de Raqa", a expliqué Rami Abdel Rahmane. Des femmes et des enfants font partie des victimes.

Des avions russes ont aussi effectué des raids contre des convois de l'EI partant de Raqa.

Les Nations unies ont exprimé leurs craintes pour la sécurité de plus de 400.000 civils, dont des femmes et des enfants, pris au piège des combats dans la ville de Raqa et des secteurs sud de la province du même nom.

Selon l'organisation humanitaire Médecins sans frontières, la fuite des civils s'accélère. "800 personnes par jour arrivent dans le camp" de déplacés d'Aïn Issa, à une trentaine de km au nord de Raqa.

Outre la ville de Raqa, l'EI contrôle toujours en Syrie des secteurs du sud de la province de Raqa, ainsi qu'une grande partie de la province voisine de Deir Ezzor, riche en pétrole. Il occupe aussi des secteurs de la province centrale de Homs et a une présence minime dans les provinces de Hama (centre), d'Alep (nord), de Deraa (sud) et de Damas.

Malgré ses reculs sur le terrain, le groupe extrémiste parvient à frapper en menant des attentats meurtriers en Syrie et en Irak, et même hors de la région, comme en Grande-Bretagne où il a revendiqué une série d'attaques ces derniers mois.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée avec l'entrée en jeu des jihadistes et l'implication d'acteurs régionaux et internationaux. Elle a fait plus de 320.000 morts.

Avec AFP